Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome34.djvu/450

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quantités infiniment petites par la multiplication, il ajoute joliment « qu’on ne s’élève souvent que pour donner du nez en terre » ?

Il faut bien, monsieur, que vous succombiez sous le géomètre et sous le bel esprit. Ce nouveau Père Garasse, qui attaque tout ce qui est bon, n’a pas dû vous épargner. Il est encore tout glorieux des combats qu’il a soutenus contre les Newton, les Leibnitz, les Réaumur, les Maupertuis. C’est le don Quichotte des mathématiques, à cela près que don Quichotte croyait toujours attaquer des géants, et que le révérend Père se croit un géant lui-même,

Ne le troublons point dans la bonne opinion qu’il a de lui ; laissons en paix les mânes de ses ouvrages, ensevelis dans le Journal de Trévoux, qui, grâce à ses soins, s’est si bien soutenu dans la réputation que Boileau lui a donnée, quoique, depuis quelques années, les Mémoires[1] modernes ne fassent point regretter les anciens. Il va écrire peut-être une nouvelle lettre pour rassurer l’univers sur votre musique : car il a déjà écrit plusieurs brochures pour rassurer l’univers[2], pour éclairer l’univers. Imitez l’univers, monsieur, et ne lui répondez point.


844. — À M. L’ABBÉ MOUSSINOT[3].
27 mars (1738).

En réponse à celle du 24.

J’accepte les douze assiettes, non les plats ; le lustre à la mode, tel que Lebrun en vend, non les vieux lustres, quelque beaux qu’on les dise ; la pendule, avec cent vingt francs de retour, non celle qu’on fait quatre cent quarante francs.

Quand on viendra, mon cher ami, de la part d’un M. Médine demander trois cents florins, dites : J’ai reçu commission de les prêter, hoc verum ; mais de les prêter en l’air, hoc absurdum. Qu’un bon banquier fasse son billet payable dans un an, et je les prête.

Idem, je veux bien prêter au sieur Le Ratz de Lanthenée[4], ingénieur, trois cents livres ; mais que celui qui imprime (son ouvrage ? ) signe un billet payable dans un an. Il faut prêter et non perdre ; être bon et non dupe.

Quelques louis au compteur de l’argent du sieur Michel pour ses peines : passé deux cents livres, non.

  1. Voyez la note tome XXI, page 169.
  2. Allusion, entre autres, aux Lettres philosophiques sur la fin du monde, publiées par le jésuite Castel en 1736.
  3. Édition Courtat.
  4. Gentilhomme liéigeois, dont il a été question tome XXII, page 398.