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et de lui demander naturellement ce qu’il faut par an pour les nouvelles qu’il fournit, et ensuite je vous dirai ce qu’il faudra donner à compte. Il pourrait peut-être se charger d’envoyer les Mercure et pièces nouvelles.

À propos de pièces nouvelles, je vous prie de m’envoyer une rescription de quatre mille livres, et, sur ce, je vous embrasse du meilleur de mon cœur.

Je prie monsieur votre frère de souscrire de ma part pour le livre de M. de Bremont. C’est une traduction des Transactions philosophiques. Il y a déjà deux tomes d’imprimés. Je prie qu’on les achète, et que M. de Bremont puisse savoir que je suis un de ses partisans.


908. — DE FRÉDÉRIC, PRINCE ROYAL DE PRUSSE.
Vesel, 24 juillet[1].

Mon cher ami, me voilà rapproché de plus de soixante lieues de Cirey. Il me semble que je n’ai plus qu’un pas à faire pour y arriver, et je ne sais quoi pouvoir invincible m’empèche de satisfaire mon empressement pour vous voir. Vous ne sauriez concevoir ce que me fait souffrir votre voisinage : ce sont des impatiences, ce sont des inquiétudes, ce sont enfin toutes les tyrannies de l’absence.

Rapprochez, s’il se peut, votre méridien du nôtre ; faisons faire un pas à Remusberg et à Cirey pour se joindre.

Que par un système nouveau
Quelque savant change la terre,
Et qu’il retranche, pour nous plaire.
Les monts, les plaines, et les eaux
Qui séparent nos deux hameaux !

Je souhaiterais beaucoup que M. de Maupertuis pût me rendre ce service. Je lui en saurais meilleur gré que de ses découvertes sur la figure de la terre, et de tout ce que lui ont appris les Lapons.

À propos de voyage, je viens de passer dans un pays où assurément la nature n’a rien épargné pour rendre les terres les plus fertiles, et les contrées les plus riantes du monde ; mais il semble qu’elle se soit épuisée en faisant les arbres, les haies, les ruisseaux, qui embellissent ces campagnes, car assurément elle a manqué de force pour y perfectionner notre espèce.

J’ai vu presque toute la Vestphalie qui s’est trouvée sur notre passage ; en vérité si Dieu daigna communiquer son souffle divin à l’homme, il faut que cette nation en ait eu en très-petite quantité ; tant y a qu’elle en est si mal partagée que c’est un fait à mettre en question, si ces figures

  1. Le 21 juillet. (Œuvres posthumes.)