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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome34.djvu/570

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Sur les dernières nouvelles, je suis obligé de vous prier de ne renouveler le dépôt des vingt mille livres que lorsque je vous en prierai par une nouvelle lettre expresse.

Je vous embrasse avec bien de la tendresse.


927. — À M. THIERIOT[1].
À Cirey, ce 20 août.

Mon cher ami, je reçois votre lettre du 15, avec celle du prince. Souvenez-vous qu’il y a longtemps que je vous dis que vous recevrez des marques plus solides que vous ne pensez de la bienveillance d’un homme qui est au-dessus des autres par son cœur comme par son rang.

J’ai des choses à vous dire de plus d’une espèce, et j’espère que vous ne vous repentirez pas de votre voyage. Je suis bien malade ; Newton, Mérope, etc., m’ont tué. Si vous voyez le très-aimable philosophe Mairan, dites-lui qu’il m’a écrit sur mon livre une lettre qui vaut mieux que mon livre ; mais, pour lui répondre, il faut se bien porter. M. Cousin ou Prault doivent vous fournir les livres. Recommandez-vous à M. Horner pour les observations récentes sur les marées. Vale, veni : te amo, te desidero ; Mme du Châtelet en dit autant.


928. — À FRÉDÉRIC, PRINCE ROYAL DE PRUSSE.
(Cirey) août[2].

Je suis presque ressuscité,
Lorsque j’ai vu cette écritoire[3],
L’instrument de la vérité,
De mes plaisirs, de votre gloire.
Mais qu’il m’en doit coûter de soins !
Que l’usage en est difficile !
Quand on a la lance d’Achille,
Il faut être un Patrocle au moins.
Qui du beau chantre de la Thrace
Tiendrait la lyre entre ses doigts,
S’il n’avait sa force et sa grâce,
Pourrait-il animer les bois,
Adoucir l’enfer et Cerbère ?

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. La réponse à cette lettre est du 14 septembre suivant.
  3. Frédéric avait annoncé cette écritoire dans un des derniers alinéas de lettre du 31 mars précédent.