Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome34.djvu/80

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nerons métaphysique dans l’autre, et que nous y ferons de petits vers : levia carmina et faciles versus.


596. — À M. DE MAUPERTUIS.
Paris, 10 avril.

Si vos liaisons, monsieur, avec Algarotti vous permettent de lui écrire un mot pour le faire souvenir de ce qu’il doit à ses amis, il n’y a qu’à adresser votre lettre à M. Rucca, ministre de Florence à Londres.

Je vous prie de ne point partir sans m’envoyer un mot pour Mme du Châtelet. Vous devez cette reconnaissance à ses attentions ; une lettre de vous lui sera plus précieuse que les choses qu’elle redemande à Algarotti. Si je puis sortir, ce ne sera que pour aller vous embrasser.

Voulez-vous bien m’envoyer la lettre ?


597. — À M. DE MAUPERTUIS.
Ce mardi, 17 avril.

N’écrivez point à Algarotti ; il a rendu la chose. Plus de plainte que de vous, qui allez porter chez les Lapons ce que la France doit regretter. Allez tous deux, lucida sidera[1]


598. — À M. DE LA CHAUSSÉE.
À Paris, 2 mai.

Il y a huit jours, monsieur, que je fais chercher votre demeure, pour présenter Alzire à l´homme de France qui sait et qui cultive le mieux cet art si difficile de faire de bons vers. Je pense bien comme vous, monsieur, sur cet art que tout le monde croit connaître, et qu’on connaît si peu. Je dirai de tout mon cœur avec vous :

L’unique objet que notre art se propose[2]
Est d’être encore plus précis que la prose ;
Et c’est pourquoi les vers ingénieux
Sont appelés le langage des dieux.

Il faut avouer que personne ne justifie mieux que vous ce que vous avancez.

On m’a parlé aujourd’hui d’une place à l’Académie française ;

  1. Horace, liv. I, ode iii, v. 2. — Algarotti n’alla pas au pôle avec Maupertuis.
  2. Épître de Clio, v. 527.