Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome35.djvu/167

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M. d’Argental croit que c’est assez que monsieur le chancelier ôte à l’abbé Desfontaines son privilège[1] ; et moi, je dis que ce n’est point assez, et que, quand même ce privilège lui serait ôté, on ne saurait pas que c’est pour moi qu’il est puni. J’ajoute que ses calomnies ne subsisteraient pas moins, et que les faits qu’il avance doivent être détruits et confondus.

Si donc M. Bégon et M. de Pitaval pensent que nous avons un commencement de preuves assez fort dans la déposition de M. de Montigny, qui est prêt à déposer, aussi bien que mon neveu, qu’il a acheté un libelle chez Mérigot, et a entendu dire à Chaubert qu’il en vendait, et dans les dépositions du gendre de votre neveu, dans la plainte du chevalier de Mouhy chez le commissaire Lecomte, il faut agir sur-le-champ sans difficulté, et avec toute la vigueur imaginable.

Un des grands services que vous m’ayez jamais rendus, c’est d’obtenir cette lettre, ou ce certificat, du bâtonnier des avocats. Je l’attends avec la dernière impatience. Heureusement ce bâtonnier est chargé d’une affaire de M. le marquis du Châtelet, qui va lui écrire pour l’encourager. J’espère bientôt lui écrire pour le remercier. Voici une lettre pour M. Pageau. Je vous prie de m’envoyer sans remise le petit livre intitulé Mathanasuis, avec la Déification d’Aristarchus. Cela m’est nécessaire ; faites-le chercher par votre frère. Montrez à M. Pageau et à monsieur le bâtonnier cette lettre de Mme  de Bernières.

Réponse, je vous prie, sur la consultation à M. Pageau.


1058. — À M. PAGEAU[2].
À Cirey, ce 5 février.

Je reconnais, monsieur, l’ancien ami de mon père et de toute ma famille à la bonté avec laquelle vous vous intéressez en ma faveur, au sujet de cet infâme libelle de l’abbé Desfontaines. Je suis bien loin de demander ni acte par-devant notaire, ni mention sur les registres des avocats, ni rien d’approchant. Mais il serait infiniment flatteur pour moi que je pusse obtenir seulement une lettre de votre bâtonnier et de quelques anciens, par

  1. Celui des Observations modernes, qui fut retiré à Desfontaines en 1743, par arrêt du conseil d’État.
  2. C’est à tort que les éditeurs de cette lettre, MM. de Cayrol et François, la croient adressée à M. Deniau. Ils ont confondu ce bâtonnier de l’ordre des avocats avec l’avocat Pageau. ( G. A.)