Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome35.djvu/206

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une juste réparation. Je vous conjure, monsieur, de lui procurer comme à moi un repos dont nous avons besoin l’un et l’autre. Je vous supplie instamment d’envoyer ma lettre à monsieur votre frère ; j’en vais faire une copie que j’enverrai à plusieurs personnes, afin que, s’il arrivait un malheur que je veux prévenir, on rende justice à ma conduite, et que rien ne puisse m’être imputé.

Je connais trop, mon cher ami, la honte et la générosité de votre cœur pour ne pas compter que vous ferez finir une affaire qui peut-être perdra deux hommes dont l’un a subsisté quelque temps de vos bienfaits, et dont l’autre vous est attaché par tant d’amitié.


1089. — À M. L’ABBÉ MOUSSINOT[1].
Ce (28 février 1739.)

Je vous prie, mon cher abbé, de donner cent livres au chevalier de Mouhy, sitôt la présente reçue. Il vous donnera son récépissé. Je suis fâché de n’avoir que cela à lui donner pour le présent. Je vous prie de lui en faire mes très-humbles excuses, mais de ne lui montrer aucune de mes lettres.

Je lui avais écrit, et à Mme  de Champbonin, que je souhaitais passionnément qu’un de ceux qui avaient déjà signé la requête la signât, au moins en forme, avec un procureur, et je souhaitais que ce fût un autre que M. de Mouhy, parce qu’il y aura récrimination contre ce Mouhy, et non pas contre les autres, qui n’ont rien à démêler avec Desfontaines.

Quoi qu’il en soit, me voici plus embarrassé que jamais. J’ai lieu de croire que M. Hérault peut me favoriser ; mais j’ai aussi beaucoup à craindre du procureur du roi.

J’ai mandé à mon neveu que, quelque chose que son procureur pût lui dire, il faut absolument qu’il dresse une requête en son propre et privé nom, dans laquelle il se plaigne d’un libelle intitulé Voltairomanie, où son grand-père est attaqué, etc. Je vous prie de l’y encourager. C’est une chose juste et nécessaire ; il ne risque rien : il se désiste dans les vingt-quatre heures ; sa démarche ne peut nuire, et peut servir beaucoup. Allez donc le voir ; proposez-lui la chose fortement ; obtenez cela de son amitié pour moi.

Je vous prie d’aller chez M. d’Argenson, l’aîné, conseiller

  1. Édition Courtat.