Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome35.djvu/23

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des marées par les lois newtoniennes, le continuateur s’avise de dire que les lois de Newton ne peuvent rendre raison de ces effets.

Cette disparate est d’autant plus insoutenable que ce continuateur vit dans un pays où ce qu’il ose combattre a été très-bien prouvé par M. S’Gravesande et par d’autres. Il devrait avoir fait réflexion combien il est ridicule de combattre Newton, vaguement et sans preuves, dans un ouvrage fait pour expliquer Newton.

10° Le continuateur et réviseur s’étant trompé dans plusieurs points essentiels, et ayant de plus fait un petit libelle pour faire valoir ses corrections très-erronées, il faut que je commence par réformer ici ses fautes ; après quoi, si les libraires veulent tirer quelque avantage de mon livre, et faire une édition dont je sois content, il faut qu’ils le corrigent entièrement selon mes ordres.

Par exemple, dans mon xxiiie chapitres[1], il s’agit de savoir par les lois incontestables de la gravitation, combien les planètes pèsent sur le soleil, combien pèsent les corps à la surface du soleil et à celle de ces planètes, etc. Pour avoir ces proportions, qui résultent en partie de la grosseur de ces astres, il faut d’abord établir cette grosseur : car ces proportions changent à mesure qu’on fait le diamètre du soleil plus grand ou plus petit. Huygens l’a cru de 111 diamètres de la terre ; Keill, après plusieurs Anglais, l’établit de 83 diamètres ; Newton, de 96 et une fraction, dans sa seconde édition, dont je me suis servi ; M. S’Gravesande, de 109 ; M. Pemberton, de 112[2]. On ne pourra savoir qui d’eux a raison que dans l’année 1761, quand Vénus passera sous le disque du soleil. En attendant, j’ai pris un milieu entre toutes ces mesures, et je m’en tiens au calcul qui fait le diamètre du soleil comme 100 diamètres de notre globe, et par conséquent sa grosseur comme un million est à l’unité.

J’en ai averti en plusieurs endroits ; et comme j’écrivais principalement pour des Français, je me suis conformé à cette mesure, qui me paraît reçue en France, afin d’être plus intelligible. J’ai retenu toute la théorie de Newton, et j’ai changé seu-

  1. Le chapitre xxiii de 1738 était composé de ce qui forme aujourd’hui le chapitre viii de la 3e partie, et de ce que nous avons mis en note tome XXII, page 542, etc.
  2. Le passage de Vénus sous le soleil a donné raison à Pemberton. Après 1761, il y en a eu un en 1769, un en 1874 ; il y en aura un autre en 1882.