Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome35.djvu/24

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lement le calcul : ce qui, pour le fond, revient absolument au même.

La preuve en est bien claire, car le soleil est à la terre en solidité, en grosseur, comme 
 1,000,000 est à 1.
Saturne, comme 
 980 est à 1.
Jupiter, comme 
 1,170 est à 1.
Mars, comme 
 1/5 est à 1.
Vénus, comme 
 1 est à 1.
Mercure, comme 
 1/27 est à 1.
La lune, comme 
 1/50 est à 1.

Or la somme de toutes ces planètes est 2,152, ou approchant. Le soleil est un million.

Un million est à 2,152, à peu près comme 464 est à l’unité : donc j’avais eu très-grande raison de dire, dans mon manuscrit, que le soleil est à peu près 464 fois gros comme toutes ces planètes réunies.

Le réviseur et continuateur a changé cette proportion, et pour se conformer, dit-il, à la mesure que Newton donne au diamètre du soleil, il l’a faite de 760 ; mais en aucun cas, selon cette mesure de Newton, le soleil ne peut être 760 fois plus gros que les planètes dont nous parlons.

Car, selon la seconde édition de Newton, le diamètre du soleil est à celui de la terre comme 10,000 à 104, ce qui est à peu près comme 96 à l’unité.

Or les sphères étant entre elles comme les cubes de leur diamètre, et le cube de 96 étant 884,736, il est clair qu’en ce cas le soleil est 411 fois gros comme toutes les planètes dont je parle, et dont j’assigne les dimensions suivant l’Observatoire. Et, si le continuateur s’en tient à la troisième édition de Newton, qui fait le diamètre du soleil comme 10,000, et celui de la terre comme 109, il se trouvera qu’alors, en comparant ce diamètre avec les diamètres que Newton donne aux autres planètes, le soleil sera environ 679 fois gros comme les planètes susdites, et jamais 760 fois, comme le dit ce continuateur,

Il ajoute dans le petit libelle qu’il s’est donné la peine de faire contre moi à ce sujet : « On serait bien curieux de savoir où M. de Voltaire a pris les masses de Vénus et de Mercure, » Mais le censeur n’a pas fait réflexion qu’il ne s’agit point du tout ici de masses, mais de dimension des sphères ; il y a une prodigieuse différence entre la masse et la grosseur. Selon le calcul de Newton (seconde édition), il prend le diamètre du soleil pour 96 ; sa grosseur, 884,736 fois plus considérable que celle de