Tranquille maintenant, l’amour qui le séduit
Suspend son caractère, et ne l’a point détruit.
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Sur les plus turbulents j’ai versé les faveurs ;
À la fidélité réservant la disgrâce,
Mon adroite indulgence a caressé l’audace.
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Dans leurs sanglantes mains le tonnerre s’allume,
Sous leurs pas embrasés la terre se consume[1].
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J’ai vaincu, j’ai conquis, je gouverne à présent.
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Parmi tant de dangers ma jeunesse imprudente
S’égarait et marchait aveuglée et contente.
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La gloire et les grandeurs n’ont pu remplir mes vœux ;
Un instant de vertu vient de me rendre heureux.
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Tout autre bruit se tait lorsque la foudre gronde ;
Tonne sur ces cruels, et rends la paix au monde.
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Cruel aga ! pourquoi dessillais-tu mes yeux ?
Pourquoi, dans les replis d’un cœur ambitieux,
Avec des traits de flamme aiguillonnant la gloire,
À l’amour triomphant arracher la victoire ?
Il me semble que votre ouvrage étincelle partout de ces traits d’imagination ; et, lorsque vous aurez achevé de polir les autres vers qui enchâssent ces diamants brillants, il doit en résulter une versification très-belle, et même d’un nouveau genre. Il ne faut sans doute rien de trop hardi dans les vers d’une tragédie ; mais aussi les Français n’ont-ils pas souvent été un peu trop timides ? À la bonne heure qu’un courtisan poli, qu’une jeune princesse, ne mettent dans leurs discours que de la simplicité et
- ↑ Ces deux vers n’ont pas été conservés dans la pièce dont La Noue avait envoyé le manuscrit à Voltaire, dans la dernière quinzaine de mars 1739.