Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome35.djvu/328

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Je serai le 18 à Berlin, et je vous enverrai de là ma préface de la Henriade, afin d’obtenir le sceau de votre approbation.

Adieu, mon cher Voltaire ; faites, s’il vous plaît, mes assurances d’estime à la marquise du Châtelet ; grondez un peu, je vous prie, le duc d’Aremberg de sa lenteur à me répondre. Je ne sais qui de nous deux est le plus occupé, mais je sais bien qui est le plus paresseux.

Je suis, avec toute l’affection possible, mon cher Voltaire, votre parfait ami,

Fédéric,

1190. — À M. LE MARQUIS D’ARGENSON[1].
Bruxelles, 17 août.

Il y a plus de quinze jours, monsieur, que nous avons le pied à l’étrier. J’ai toujours différé à avoir l’honneur de vous écrire, parce que je comptais venir aussitôt qu’une lettre. Nous partons enfin demain à petites journées ; nous arriverons le 27 ou le 28. C’est au roi de Portugal, qui ne vous verra point, à être fâché, et c’est à moi à me réjouir. Je vous réponds que je regarderai comme un des beaux jours de ma vie celui où je verrai l’auteur d’un ouvrage qui tient tout ce que les titres de l’abbé de Saint-Pierre promettent, et où je pourrai vous dire combien je suis sensible à vos bontés, combien je vous suis attaché pour jamais avec la plus tendre et la plus respectueuse reconnaissance.

Mme  du Châtelet fait peu de cas des fusées, des illuminations ; mais elle sent tout le prix de votre connaissance, et pense sur vous comme moi.


1191. — À M. THIERIOT.
Bruxelles, 17-18 août.

Enfin, nous partons pour Paris[2] ; nous sommes des étrangers qui venons voir ce que c’est que cette ville dont on disait autrefois tant de bien. J’espère au moins y retrouver votre amitié, qui

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Voltaire avait quite Paris vers le 6 juillet 1736 ; il n’y rentra que vers le 4 septembre 1739, après plus de trois ans d’absence. Il descendit seul, non pas à l’hôtel Lambert, mais à l’hôtel de Brie, rue Cloche-Perce, où il tomba malade. Mme  du Châtelet, pendant ce temps-là, occupa un appartement à l’hôtel Richelieu. Voltaire resta deux mois à Paris, qu’il ne quitta que dans les premiers jours de novembre ; et, après être passé par Langres et Cirey, où il demeura une semaine ou deux avec Mme  du Châtelet, il accompagna de nouveau cette cette à Bruxelles au commencement de décembre 1739. (Cl.)