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en serions très-bien passés. Je vais écrire à Algarotti pour qu’il nous envoie quelques rayons du soleil de sa patrie : car la nature aux abois paraît avoir un besoin indispensable d’un petit détachement de chaleur pour lui rendre la vie. Si ma poudre[1] pouvait vous rendre la santé, je donnerais dès ce moment la préférence au dieu d’Épidaure sur celui de Delphes. Pourquoi ne puis-je contribuer à votre satisfaction comme à votre santé ? Pourquoi ne puis-je vous rendre aussi heureux que vous méritez de l’être ? Les uns, dans ce monde, ont le pouvoir sans la volonté, et les autres la volonté sans le pouvoir. Contentez-vous, mon cher Voltaire, de cette volonté et de tous les sentiments d’estime avec lesquels je suis votre fidèle ami,

Fédéric.

1229. — À M. L’ABBE MOUSSINOT[2].
Ce 12 janvier (1740).

Je reçois votre lettre du 10, mon cher abbé. J’avais mal daté les miennes, parce que je me servais habilement d’un almanach de l’année passée.

1° À l’égard du sieur Gouvay, j’ai compté que je serais payé ici, en lui faisant signifier à Paris désistement de tout procès. Si ce monsieur chicane, après cela, je renverrai la lettre, que vous ferez payer.

2° À l’égard de la loterie de l’Hôtel de Ville, je crois que j’ai soixante et dix billets, et je ne pense pas être en état d’en prendre davantage. Vous aurez du reste de quoi remplir les mises en argent. D’ailleurs nous avons du temps. Je vous prie seulement de me mander si cette opération prend toujours faveur dans le public.

3° Je vous prie d’envoyer prier Prault fils de passer chez vous, et de lui dire que je vous ai supplié de lui chercher sur-le-champ tout le plus d’argent que faire se pourrait, mais que vous n’en avez pas encore pu trouver. Sachez de lui s’il est vrai qu’on lui ait saisi un petit programme de l’Histoire du siècle de Louis XIV, et quelques autres livres, comment cela s’est fait et pourquoi, et s’il est vrai qu’on les lui ait rendus[3].

En cas qu’on les lui ait rendus, et qu’il ne soit ni dans le besoin ni dans la peine, il ne faut lui rien donner ; mais s’il est vrai qu’on ait fait cette saisie, et qu’il soit réellement pressé (ce

  1. Pour guérir la colique.
  2. Édition Courtat.
  3. Voyez la lettre 1218, et la note de la page 354.