Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome35.djvu/79

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Sitôt la présente reçue, faites un ballot d’un Bayle entier, bien complet, et envoyez-le à M. l’abbé de Breteuil[1], grand-vicaire à Sens, avec une feuille de papier où vous mettrez : « A M. l’abbé de Breteuil, de la part de son très-humble et très-obéissant serviteur Voltaire ; » le tout bien beau et bien emballé ; c’est un petit présent d’étrennes.

Voici les vôtres ci-incluses. Tâchez d’imprimer, avec permission, cette nouvelle Épître[2] morale, en attendant que je vous envoie le recueil complet et corrigé. La Henriade est bientôt prête. Vous prendrez votre parti ; je ne veux que vous faire plaisir.


984. — À M. THIERIOT[3].
Ce 13 décembre.

Je ne suis point du tout de l’avis de Mme  du Châtelet sur le commencement de m’Épître sur l’Égalité des conditions, et les premiers vers,

Ami, dont la vertu toujours égale et pure, etc.,


satisfont mon cœur et mon esprit bien plus que la leçon que je faisais à Hermotime.

Le mot affreux, deux fois répété dans l’Épître sur la Modération, n’y est plus.

Vivre avec un ami toujours sûr de vous plaire
Exige en tous les deux une âme non vulgaire.

Ces deux vers, dont je n’ai jamais pris le parti, sont corrigés ainsi :

Ah ! pour vous voir toujours sans jamais vous déplaire,
Il faut un cœur plus noble, une âme moins vulgaire, etc.

Je vous avais prié de donner à M. d’Argental une copie de l’Epître sur la Nature du plaisir, qui commence ainsi :

Jusqu’à quand verrons-nous ce rêveur fanatique, etc.

Elle demande encore des adoucissements ; il faudra lui donner son passe-port. Je vous enverrai bientôt la tragédie de Brutus, entièrement réformée et défaite heureusement des églogues de Tullie.

  1. À qui est adressée la lettre 465.
  2. Le sixième Discours sur l’Homme.
  3. Éditeurs, Bavoux et François.