Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome36.djvu/154

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comme s’il n’était pas savant, digne enfin de loger Émilie. Au lieu d’y coucher une nuit, elle en passe trois dans cette bonne ville. Nous partons demain sous l’étoile d’Émilie, qui nous conduit. Vous, qui tenez sa place à Cirey, faites des vœux pour une prompte conclusion de nos affaires ; je dis nos affaires, car celles d’Émilie sont les nôtres, et nous avons certainement, vous et moi, un très-gros procès contre M. Honsbrouck. Il y a au Champbonin et à Paris deux personnes qui me seront toujours bien chères, et auxquelles je vous prie de parler toujours de moi c’est M. de Champbonin et monsieur votre fils. Je vous aime, madame, dans tout ce qui vous appartient. Adieu, gros chat. Je vous embrasse si tendrement qu’Émilie m’en grondera.


1525. — DE FRÉDÉRIC II, ROI DE PRUSSE.
Aix-la-Chapelle, 26 août[1].

De la source où la Faculté
Promet à la goutte et colique,
Gravelle, chancre, et sciatique,
La bonne humeur et la santé ;


de cet endroit où tant de gens viennent pour se divertir, et d’où tant d’autres s’en retournent sans être guéris, et où la charlatanerie des médecins, les intrigues de l’amour, tiennent leur jeu également ; où enfin l’infirmité et les préjugés amènent tant de personnes de tous les bouts de l’univers, je vous invite, comme un ancien infirme, à venir me trouver ; vous y aurez la première place, en qualité de malade et en qualité de bel esprit.

Nous sommes arrivés hier. Je vous crois à Bruxelles, et même je vous crois après-demain[2] ici. Je vous prie de m’apporter Mahomet tel que vous l’avez fait représenter sur le théâtre de Paris, et de ramasser ce que vous avez fait du Siècle de Louis XIV, pour m’en amuser et pour m’instruire. Vous serez reçu avec tout le désir de l’impatience et avec tout l’empressement de l’estime. Vale.

Fédéric.

1526. — À FRÉDÉRIC II, ROI DE PRUSSE.
Le 29 août.

Après votre belle campagne,
Après ces vers brillants et doux,

  1. L’original de cette lettre était daté, par mégarde, du 26 septembre ; voyez le commencement de la lettre 1532.
  2. Voltaire partit le 2 septembre pour Aix-la-Chapelle, d’où il revint le 10.