Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome36.djvu/226

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conclu c’est une nouvelle scène sur le théâtre, et ce qui se passe en Suède[1] peut encore changer la face du Nord.

Dans ce choc orageux de cent peuples divers,
Mon héros triomphant tient la foudre et la lyre.
Ses yeux toujours perçants, ses yeux toujours ouverts,
Regardent les erreurs du chétif univers ;
Il voit trembler Stockholm, il voit périr l’empire ;
Il voit les fiers Anglais, ces souverains des mers,
Faux désintéressés qu’un faux espoir attire,
S’enivrant sur le Mein de succès fort légers,
Trainer sous leurs drapeaux, ou plutôt dans leurs fers,
Ces Bataves pesants dont la moitié soupire ;
Il voit Broglio qui se retire,
Agissant, raisonnant, et parlant de travers ;
Il voit tout, et n’en fait que rire,
Et je veux avec lui rire à mon tour en vers.

J’ai peur que ceci ne tienne du transport de la fièvre ; mais le plus grand de mes transports est le désir de voir Votre Majesté. Où la verrai-je ? où serai-je heureux ? Sera-ce à Berlin ? sera-ce à Aix-la-Chapelle ?

Je suis à vos pieds, monarque charmant, homme unique, et j’attends vos ordres pour régler ma marche.



1592. — À M. LE COMTE D’ARGENSON,
ministre de la guerre.
À la Haye, ce 15 juillet.

Sera-ce vous faire mal ma cour, monseigneur, que de vous envoyer le petit état ci-joint ? Je doute qu’il y ait aucun ministre à la Haye qui ait cette pièce secrète[2].

Je voudrais rendre des services plus essentiels ; je souhaite que ma famille soit plus à portée que moi de vous prouver son zèle.

Mon neveu La Houlière[3], capitaine dans Lyonnais, frère du jeune Marchant, ayant été blessé plus dangereusement qu’aucun

  1. Allusion à la paix signée, le 17 auguste 1743, entre la Suède et la Russie.
  2. État des forces et des ressources de la Hollande. Voyez les Mérnoires de Voltaire.
  3. Marchant de La Houlière, neveu de Voltaire à la mode de Bretagne. Il fut promu au grade de brigadier des armées du roi le 12 novembre 1770. Voyez la lettre que Voltaire lui écrivit le 22 octobre de la même année.