ordres de ne point agir, pour peu que la France témoigne de vigueur et de bonne conduite. Il y a grande apparence qu’on tirera de grands avantages de nos fautes passées. Dunkerque peut être rétabli pour n’être plus jamais détruit, et la France, en deux ou trois mois de temps, peut devenir plus respectable que jamais. Il paraît que nous ne sommes pas extrêmement bien voulus dans les pays étrangers ; quand je dis nous, je dis notre puissance, car on aime les particuliers, en haïssant la France. On nous traite comme nous traitons les jésuites on dit du mal du corps, et on est fort aise de vivre avec les membres ; on nous prie à souper, et on chante pouille à notre ministère ; on joue publiquement, par permission du magistrat, une comédie intitulée la Présomption punie[1], dans laquelle la reine de Hongrie est représentée sous le nom de Mimi ; le cardinal de Fleury, sous celui d’un vieux Bailli impuissant qui, ne pouvant coucher avec Mimi, veut lui ôter toute la succession de son père ; le prince Charles, sous le nom de Charlot, chasse le bailli et ses consorts : et voilà la Présomption punie. On va voir de dix lieues cette mauvaise bouffonnerie, qui se joue à Amsterdam. J’aime encore mieux cette farce que la tragédie de Dettingen cela ne casse ni bras ni têtes. Conservez la vôtre, monsieur le duc, et permettez que je fasse aussi des souhaits pour un individu fort aimable qui a grande obligation au vôtre. Souffrez que je vous prie de daigner faire souvenir de moi M. le duc de Duras[2], in quo bene complacuisti[3]. Si vous pouvez m’apprendre de bonnes nouvelles, si vous avez la bonté de me faire un tableau bien brillant de votre position, comptez que vous me ferez bien du plaisir. Vous savez avec quel tendre respect je vous suis attaché pour toute ma vie.
Monseigneur, j’ai reçu les ordres et les sages instructions dont vous m’honorez, en date du 11 du mois ; permettez qu’avant d’y répondre j’aie l’honneur de vous parler de quelques affaires présentes.