précisément que des charges de marguillier et des places de chantre auxquelles vous n’aspirez point.
Apportez au moins, en venant,
Cette vierge[1] si découplée
Qui brillait plus dans la mêlée
Que tous vos héros d’à présent ;
Que ce Broglio toujours fuyant,
Réduisant sa troupe en fumée ;
Que Maillebois toujours errant,
Menant promener son armée ;
Que Ségur le capituleur[2],
Et les autres transis de peur.
Je vous montrerai de mes Mémoires[3] ce que je croirai pouvoir vous montrer. Ils sont vrais, et par conséquent d’une nature à ne paraître qu’après le siècle.
Adieu, cher Voltaire ; à revoir.
Je viens, monsieur, de me vanter à monsieur votre frère[4] de vos bontés mais il faut que je me vante à vous des siennes. Berlin et Lille sont pour moi deux patries nouvelles. Je me flatte que j’aurai bientôt[5] l’honneur de vous revoir et de vous dire à quel point je suis attaché à toute votre famille. Permettez-moi d’assurer de mon respect Mme et Mlles de Valori. Il sera bien difficile que je quitte sitôt ce pays-ci mais enfin on ne peut oublier cette troisième patrie qui s’appelle la France. Plût à Dieu que tous les gens de votre espèce qui sont dans ce pays-là vous ressemblassent ! Ils seraient les maîtres de tout, à force de plaire.
Mille tendres respects.
- ↑ La Pucelle.
- ↑ Allusion à la capitulation du 23 janvier 1742, dans Lintz.
- ↑ C’est l’ouvrage intitulé Histoire de mon temps, et qui fait partie des Œuvres posthumes de Frédéric.
- ↑ Le marquis de Valori voyez la lettre 1608.
- ↑ Voltaire, arrivé à Berlin vers le 30 auguste 1743, ne quitta cette ville que le 12 octobre suivant, après plusieurs excursions en diverses parties de la Prusse et il ne rentra à la Haye que le 26 du même mois. Il ne dut revoir l’abbé de Valori, à Lille, qu’en décembre, en retournant à Paris pour y rendre compte de sa mission diplomatique. (Cl.)