Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome36.djvu/249

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


la guerre ? N’est-ce pas, au contraire, le seul moyen de forcer les Hollandais

à concourir, sous vos ordres, à la pacification de l’empire et au rétablissement de l’empereur, qui vous devra deux fois son trône, et qui aidera à la splendeur du vôtre ?

7° Quelque parti que Votre Majesté prenne, daignera-t-elle se confier à moi comme à son serviteur, comme à celui qui désire de passer ses jours à votre cour ? Voudra-t-elle que j’aie l’honneur de l’accompagner à Baireuth, et, si elle a cette bonté, veut-elle bien me le déclarer, afin que j’aie le temps de me préparer pour ce voyage ? Pour peu qu’elle daigne m’écrire quelque chose de favorable dans la lettre projetée, cela suffira pour me procurer le bonheur où j’aspire depuis six ans de vivre auprès d’elle.

8° Si pendant le court séjour que je dois faire, cet automne, auprès de Votre Majesté, elle pouvait me rendre porteur de quelque nouvelle agréable à ma cour, je la supplierais de m’honorer d’une telle commission.


9° Faites tout ce qu’il vous plaira ; j’aimerai toujours Votre Majesté de tout mon cœur.

Voltaire.

J’aille donner la discipline ?
Mais examinez mieux ma mine ;
Je ne suis pas assez méchant.


7° Si vous voulez venir à Baireuth[1], je serai bien aise de vous y voir, pourvu que le voyage ne dérange pas votre santé. Il dépendra donc de vous de prendre quelles mesures vous jugerez à propos.


8° Je ne suis dans aucune liaison avec la France ; je n’ai rien à craindre ni à espérer d’elle. Si vous voulez, je ferai un panégyrique de Louis XV, où il n’y aura pas un mot de vrai mais, quant aux affaires politiques, il n’en est aucune à présent qui nous lie ensemble ; et d’autant plus, ce n’est point à moi à parler le premier. Si l’on me demande quelque chose, il est temps d’y répondre ; mais vous, qui êtes si raisonnable, sentez bien le ridicule dont je me chargerais si je donnais des projets politiques à la France sans à-propos, et, de plus, écrits de ma propre main.

9° Je vous aime de tout mon cœur, je vous estime ; je ferai tout pour vous avoir, hormis des folies et des choses qui me donneraient à jamais

  1. Frédéric fit un voyage à Baireuth du 10 au 25 septembre.