Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome36.djvu/310

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croire que, tout Vespasien qu’il est par son goût que vous lui reprochez pour l’argent, il ne vous paye, à la fin, en Titus. Il ne vous a pas demandé votre mémoire pour ne vous rien donner : il exerce votre patience, mais il ne la confondra point. Je vous réponds qu’on paye exactement toutes les pensions qu’il donne ; on les paye même tous les mois ; il ne s’agit que d’être mis sur l’état, et je vous assure qu’enfin vous y serez. Je vous plains beaucoup, l’épreuve est trop longue ; mais je serais bien trompé si, dans peu de temps, vous ne recevez une somme honnête. Malheureusement les nouvelles affaires que la succession d’Ost-Frise va susciter pourraient être un prétexte d’un nouveau délai mais une affaire aussi petite que la vôtre ne doit pas être comptée pour une dépense ; enfin j’espère encore qu’il ne fera pas une injustice si criante.

Je vous prie de dire à M. l’abbé de Rothelin qu’il doit me compter parmi ceux qui s’intéressent le plus à son état ; je lui suis sincèrement dévoué comme citoyen et comme homme de lettres.

J’avoue qu’il est triste qu’il ait été forcé de sacrifier sa philosophie et sa manière de penser à des hypocrites et à des imbéciles.

Fari… quæ sentiat…

(Hor., lib. I, ep. iv, v. 9.)


est le plus beau privilége de l’humanité ; mais il faut être Anglais pour jouir de cette prérogative. Si on avait le malheur de le perdre, il quitterait un monde bien peu regrettable. Je suis plus détaché que jamais des tourbillons des sots dans la douce solitude qui fait ma consolation et, si la fête de monsieur le dauphin ne me rappelait pas à Paris, je ne crois pas que j’y revinsse jamais.

Le paradis terrestre est où je suis[1].

Si vous aviez vu mon appartement, vous me croiriez plus mondain que philosophe. Je me crois pourtant plus philosophe que mondain. Comptez que dans ma philosophie l’amitié tient toujours un grand chapitre ; je la regarde comme le baume qui guérit toutes les blessures que la fortune et la nature font continuellement aux hommes.

Je vous embrasse de tout mon cœur.

    téraire de Frédéric que vers le milieu de 1737. En 1747, il n’avait encore rien reçu du Vespasien de Prusse.

  1. Dernier vers du Mondain ; voyez tome X.