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1666. — À M. CLÉMENT,
receveur des tailles, à dreux.
À Cirey en Champagne, ce 11 juillet.

J’ai reçu, monsieur, à la campagne où je suis depuis quelques mois, le joli conte, ou plutôt le conte joliment écrit dont vous avez bien voulu me faire part. J’aurais répondu plus tôt à cette marque aimable de votre souvenir, si ma très-mauvaise santé et mes travaux de commande, qui l’affaiblissent encore, m’en avaient laissé le loisir.

Vous avez échauffé la glace
Qui me gelait dans les écrits
De ce trop renommé Boccace ;
Et vous mettez toute la gràce
De votre brillant coloris
Sur son vieux tableau, qui s’efface.
Sans vous je n’aurais point aimé
Ensalde et sa sorcellerie ;
L’enchanteresse poésie
Dont votre conte est animé
Est la véritable magie,
Et la seule qui m’ait charmé.

Conservez-moi, monsieur, une amitié qui m’est d’autant plus précieuse que je la dois au commerce des Muses.

Je suis, etc.


1667. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
À Cirey, le 23 juillet.

J’avais déjà fait le divertissement du second acte, selon le projet que j’avais envoyé à M. de Richelieu. M. le président Hénault doit avoir à présent entre les mains ce nouveau divertissement. Le comité peut comparer mes Maures avec mon berger qui tue les monstres tout seul pendant que l’évêque bénit les drapeaux. Il peut choisir ou rejeter tout[1].

Je vous avertis, mon cher ange gardien, que la comédie est à peu près faite selon les deux manières, c’est-à-dire que, avec le divertissement de la princesse Ésone, tiré d’Hygin, Mme de

  1. Tout ceci a été rejeté.