Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome36.djvu/348

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rité du duc, qui serait bientôt roi des Romains. Je suis sûr que vous direz de meilleures raisons aux électeurs.

Je suis bien fâché contre la Princesse de Navarre, qui m’empêche de vous faire ma cour. M. Racine fut moins protégé par MM. Colbert et Seignelai que je ne le suis par vous. Si j’avais autant de mérite que de sensibilité, je serais en belle passe.

La charge de gentilhomme ordinaire ne vaquant presque jamais, et cet agrément n’étant qu’un agrément, on y peut ajouter la petite place d’historiographe ; et, au lieu de la pension attachée à cette historiographerie, je ne demande qu’un rétablissement de quatre cents livres. Tout cela me parait modeste, et M. Orry[1] en juge de même. Il consent à toutes ces guenilles.

Daignez achever votre ouvrage, monseigneur, et vous aboucher avec M. de Maurepas. Je compte avoir l’honneur de vous remercier incessamment, et de vous renouveler mes très-tendres respects et ma vive reconnaissance.


1700. — À M. DE CIDEVILLE.

Mon cher et aimable ami, si ma faible machine pouvait suivre mon cœur, je serais actuellement chez vous. Je comptais venir aujourd’hui vous embrasser, mais il faut que les malades souffrent de toutes façons, et mon estomac, ma poitrine, etc., ne font pas mes plus grands chagrins. Je suis à Paris, et je ne vous ai pas vu ! Voilà de tous les maux le plus grand. V.


1701. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
À Versailles, le 25 février.

La cour de France ressemble à une ruche d’abeilles, on y bourdonne autour du roi. Il y avait plus de bruit à la première représentation[2] qu’au parterre de la Comédie ; cependant le roi a été très-content. Je ne me suis mêlé que de lui plaire. Sa protection et l’amitié de M. et de Mme  d’Argental, voilà l’objet de mes désirs et de mes soins ; le reste m’est très-indifférent, et on peut faire à l’Opéra toutes les sottises qu’on voudra, sans que je m’en

  1. Philbert Orry, contrôleur général des finances depuis le 20 mars 1730, donna sa démission en novembre 1745, et mourut en novembre 1747, âgé d’environ cinquante-neuf ans.
  2. De la Princesse de Navarre.