Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome36.djvu/35

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Je pourrais être mieux reçu qu’un autre à tenir ce langage, parce que je ne sais ce que c’est que cet être qu’on appelle force. Je ne connais qu’action, et je ne veux dire autre chose sinon que l’action est quadruple en un temps double, pour les raisons que vous savez.

Mais, pour lever toute équivoque, je vous prierai de remettre mon Mémoire à M. l’abbé Moussinot, qui aura l’honneur de vous rendre cette lettre, et qui bientôt aura celui de vous en présenter un autre[1] plus court, dont vous ferez l’usage[2] que votre discernement et vos bontés vous feront juger le plus convenable.

J’ai relu votre Mémoire[3] de 1728, et je le trouve, comme je l’ai trouvé et comme il paraît à Mme du Châtelet, méthodique, clair, plein de finesse et de profondeur. J’y trouve de plus ce qu’elle n’y voit pas, que vous pouvez très-bien évaluer la valeur des forces motrices par les espaces non parcourus. Votre supposition même paraît aussi recevable que toutes les suppositions qu’on accorde en géométrie.

Je viens de lire attentivement le Mémoire[4] de M. l’abbé Deidier ; il est digne de paraître avec le vôtre. Je ne saurais trop vous remercier de me l’avoir envoyé, et je vous supplie, monsieur, de vouloir bien remercier pour moi l’auteur du profit que je tire de son ouvrage. Il y a, ce me semble, de l’invention dans la nouvelle démonstration qu’il donne, fig. II.

Je n’ose abuser de votre patience mais si vous, ou M. l’abbé Deidier, avez le temps, ayez la bonté de m’éclairer sur quelques doutes, je vous serai bien obligé.

M. Deidier, page 127, dit que le corps A (on sait de quoi il est question) aura une force avant le choc qui sera comme le produit de la masse par la vitesse.

Mais c’est de quoi les force-viviers ne conviendront point du tout ils vous diront hardiment que ce corps renferme en soi une force qui est le produit du carré de sa vitesse, et que, s’il ne manifeste pas cette force en courant sur ce plan poli, c’est qu’il n’en a pas d’occasion. C’est un soldat qui marche armé dès qu’il trouvera l’ennemi, il se battra alors il déploiera sa force, et alors m u.

  1. C’est celui qui est imprimé tome XXIII, page 165.
  2. Voyez, tome Ier, parmi les Pièces justificatives, le Rapport fait à l’Académie des sciences, par MM. Pitot de Launai et Clairaut, sur le Mémoire de Voltaire.
  3. Voyez la note, tome XXIII, page 165.
  4. Sur la Mesure des surfaces et des solides, 1739, in-4o.