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1780. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
À Versailles, et jamais à la cour, décembre.

Je vous envoie, mes adorables anges, une fête[1] que j’ai voulu rendre raisonnable, décente, et à qui j’ai retranché exprès les fadeurs et les sornettes de l’opéra, qui ne conviennent ni à mon âge, ni à mon goût, ni à mon sujet.

Vraiment, mes chers anges, je crois bien que la vérité se trouvera chez vous, et que j’y trouverai plus de secours qu’ailleurs aussi je compte bien venir profiter de vos volontés, dès que j’aurai débrouillé ici le chaos des bureaux[2]. Il est absolument nécessaire que je commence par ce travail, pour avoir des notions qui ne soient point exposées à des contradictions devant le ministre et devant le roi. Ce travail, joint aux tracasseries du pays, me retient ici plus longtemps que je ne pensais. Il faut que mon ouvrage soit approuvé par M. d’Argenson ; il est mon chancelier, et M. de Crémilles mon examinateur. Vous jugez bien que c’est moi qui ai demandé M. de Crémilles[3], et que je n’ai pas eu de peine de l’obtenir.

Je me trouvai hier chez M. d’Argenson et je parlais du combat de Mesle[4]. Je disais combien cette action faisait d’honneur aux Français. « Il y a surtout, disais-je, un diable de M. d’Azincourt, un jeune homme de vingt ans, qui a fait des choses incroyables. » Comme je bavardais, entre M. d’Azincourt, que je n’avais jamais vu ; il ne fut pas fâché. Je crois que c’est un officier d’un très-grand mérite, car il écrit tout.

Adieu, le plus adorable ménage de Paris.


1781. — À MADAME D’ARGENTAL[5].
1745.

Impossible, impossible. Mais il faut absolument que l’autre ange vienne un moment dans mon enfer. Vraiment, j’ai de grandes choses à lui dire.

  1. Probablement le Temple de la Gloire, où la Gloire, en personne, couronnait de lauriers Trajan-Louis XV.
  2. Pour l’ouvrage dont parle la lettre 1755.
  3. L. Hyacinthe Boyer de Crémilles, militaire distingué qui avait dirigé une grande partie des opérations de l’armée de Flandre, sous le comte de Saxe. Né en 1700, mort en 1768. Voltaire le cite dans le chapitre XXVI du Précis du Siècle de Louis XV, tome XV.
  4. 9 juillet 1745 ; voyez tome XV, page 249.
  5. Éditeurs, Bavoux et François.