Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome36.djvu/43

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jourd’hui. Il n’est pas besoin de page blanche. D’ailleurs, quand vous en gardez un double, je puis aisément vous faire entendre mes petites réflexions. J’ai autant d’impatience de voir cette épître arrondie que votre maîtresse en a de vous voir arriver au rendez-vous. Vous ne savez pas combien cette première épître sera belle, et moi je vous dis que les plus belles de Despréaux seront au-dessous ; mais il faut travailler, il faut savoir sacrifier des vers vous n’avez à craindre que votre abondance, vous avez trop de sang, trop de substance : il faut vous saigner et jeûner. Donnez de votre superflu aux petits esprits compassés, qui sont si méthodiques et si pauvres, et qui vont si droit dans un petit chemin sec et uni qui ne mène à rien. Vous devriez venir nous voir ce mois-ci ; je vous donne rendez-vous à Lille nous y ferons jouer Mahomet ; La Noue le jouera, et vous en jugerez. Vous seriez bien aimable de vous arranger pour cette partie.

J’ai peur que nous n’ayons pas raison contre Mairan, dans le fond mais Mairan a un peu tort dans la forme, et Mme du Châtelet méritait mieux. Bonsoir, mon cher poëte philosophe ; bonsoir, aimable Apollon.


1427. À M. THIERIOT.
Bruxelles, ce 6 avril.

J’étais instruit du quiproquo avant d’avoir reçu votre lettre, et j’avais heureusement déjà renvoyé à M. des Alleurs l’original de la main de M. de Poniatowski. Ainsi je crois que la petite méprise est entièrement réparée, et que M. des Alleurs verra que ce malentendu vient uniquement du secrétaire, et non de vous. Il ne mettra dorénavant sa délicatesse qu’à vous aimer davantage.

J’ignore comme vous, pour le présent, les arrangements de votre pension. Le roi de Prusse a eu la bonté de m’écrire du 19 mars[1], du fond de la Silésie mais quoique j’eusse trouvé le secret de le faire souvenir en vers de vous et de Dumolard, et de quelques petits projets concernant les belles-lettres, il n’est occupé présentement que de récompenser ceux qui ont pris le grand Glogau.

Je suis très-sûr que les Muses auront leur tour après Bellone, et que vous aurez infailliblement votre pension. Sa Majesté ne

  1. Cette lettre parait perdue. Il en est de même des vers de Voltaire où Dumolard et Thieriot étaient recommandés.