Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome36.djvu/435

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crime. Je vous supplie d’exposer à la reine mes sentiments, et de lui demander pour moi la permission de suivre cette affaire. Je ne ferai rien sans le conseil du directeur de l’Académie, et, surtout, sans que vous m’ayez mandé que la reine trouve bon que j’agisse. Vous pourriez même peut-être lui lire ma lettre elle y découvrirait un cœur plus touché des sentiments d’admiration que ses vertus inspirent, qu’il n’est pénétré du mal que le sieur Roi m’a voulu faire.

Adieu, homme aimable et digne de servir celle que la France adore.


1800. — À M. DE MONCRIF[1].

Aimable sylphe, je sais toutes les faveurs célestes que vous m’avez faites dans votre moyenne région ; j’y serai sensible toute ma vie dans mon séjour terrestre. Mais que dites-vous de ce monstre sorti des enfers, qui prétend qu’on lui a rendu la lyre, et qui fait imprimer le libelle diffamatoire le plus punissable contre l’Académie et contre moi[2] ? Je pense que cette satire vaut une recommandation, et que vos confrères n’en seront que plus affermis dans leurs bontés pour moi. Ils ne souffriront pas que ce scélérat les fasse rougir de leur choix. Mais comment la plus vertueuse de toutes les reines peut-elle souffrir quelquefois le plus scélérat des hommes ? Je vous le dirai hardiment : vous vous rendez coupable si vous ne représentez pas à Sa Majesté la vérité. Cette dernière satire est trop atroce, et ce n’est pas à la reine à paraître protéger le crime. En vérité, voici l’occasion d’effacer la honte que ce misérable jette sur la cour. Adieu, je vous embrasse avec la plus tendre reconnaissance.


1801. — À MONSIGNOR G. CERATI[3],
a firenze, o a pisa.
Parigi, 6 aprile.

Vostra Signoria illustrissima è venuta in questo paese, e ci ha dato nuove istruzioni, mentre io non ho potuto acquistarne in

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Pour empêcher son élection, Roi, auteur d’opéras, avait fait réimprimer un pamphlet d’un certain Baillet de Saint-Julien, intitulé Discours prononcé à la porte de l’Academie par M. le directeur ***.
  3. Voyez la lettre 1758. Ce n’est pas sans quelque hésitation que je laisse à 1746 cette lettre du 6 avril, où Voltaire parle de l’excommunication des comédiens. Dans ses Commentaires sur Corneille (voyez tome XXXI, page Voltaire dit