Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome36.djvu/447

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1816. — À M. BOURGEOIS[1].

Voici, monsieur, trois exemplaires ; je vous supplie d’en accepter un, de présenter l’autre à l’Académie, et de donner le troisième à ma parente, à qui j’aurai l’honneur d’envoyer une édition de mes ouvrages sitôt que j’en aurai. Je lui épargne le port d’une lettre, et d’ailleurs je n’ai pas, en vérité, un moment à moi.

Je serais très-flatté que votre Académie me mît au nombre de ses associés. Ce n’est pas l’usage, dit l’Académie française ; mais étant originaire du Poitou, je puis accepter cet honneur sans blesser les règlements de votre compagnie[2]. Je vous supplie de l’assurer de mes respects, et de croire que vous m’avez inspiré, monsieur, des sentiments qui m’attachent à elle comme à vous. Le roi m’a fait le don de la première charge vacante de son gentilhomme ordinaire. C’est une très-grande grâce. Je vous en fais part comme à l’historien des gens de lettres de votre patrie. J’ai l’honneur d’être de tout mon cœur, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur.

Voltaire.

1817. — DE VAUVENARGUES.
À Paris, dimanche matin, (15) mai 1746.

Je ne mérite aucune des louanges dont vous m’honorez. Mon livre est rempli d’impertinences et de choses ridicules. Je vais cependant travailler à le rendre moins méprisable[3], puisque vous voulez bien m’aider à le refaire. Dès que vous m’aurez donné vos corrections, je mettrai la main à l’œuvre. J’avais le plus grand dégoût pour cet ouvrage ; vos bontés réveillent mon amour-propre ; je sens vivement le prix de votre amitié. Je veux du moins faire tout ce qui dépend de moi pour la mériter. J’ai dit à M. Marmontel ce que vous me chargiez de lui dire. J’attends impatiemment votre retour, et vous remercie tendrement.

Vauvenargues.
  1. Même source que la lettre 1785. Cette lettre a dû être écrite entre le 10 et le 20 mai.
  2. L’Académie de la Rochelle avait chargé Bourgeois d’offrir à Voltaire le titre d’associé, qui lui fut conféré le 25 mai 1746. — Les règlements de l’Académie française n’empêchèrent pas le poëte de se faire recevoir membre de celles de Lyon, Bologne, Marseille, Bordeaux, Londres, Saint-Pétersbourg, Cortone, Édimbourg, de la Crusca, des Arcades, et de Dijon. (H. B.)
  3. Vauvenargues préparait alors une seconde édition de l’Introduction à la connaissance de l’esprit humain, suivie de Réflexions et Maximes.