Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome36.djvu/457

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non posso scrivere con eleganza in toscano, avro almeno la consolazione di leggere le belle opere della vostra Accademia, e non senza profitto. Vi sono dunque in debito, non solamente d’un onore, ma ancora d’un piacere ; e non si puo mai conferire una più grande grazia. Mentre che amerô la virtù, cioè fintantochè sarô uomo, restero cumulato di vostri favori, e mi dirô sempre coi più vivi sentimenti di riconoscenza, e col più ossequioso rispetto[1]

Voltaire.

1831. — À M. LE CHEVALIER DE FALKENER[2].
Paris, 13 juin.

My dearest and most respected friend, although I am a popish dog, much addicted to His Holiness, and like to be saved by his power, yet I retain for my life something of the english in me ; and I can not but pay you my compliment upon the brave conduct of your illustrious duke. You have made a rude, rough campaign in a climate pretty different from that of Turky.

  1. Traduction : Très-excellents seigneurs, la faveur que je reçois de votre suprême bienveillance me fait juger que Vos Excellences peuvent associer à votre célèbre Académie les moindres écoliers, comme les anciens Romains accordaient quelquefois le titre de Civis romanus aux moins notables étrangers chez qui se montrait une véritable et sincère admiration des vertus romaines. Il y a longtemps qu’un Français a obtenu la grâce dont vous m’avez honoré, car je considère le duc de Nevers comme non moins Italien que Français. Chapelain, Ménage, l’abbé Regnier-Desmarais, qui anciennement reçurent le même honneur, connaissaient beaucoup mieux les finesses de votre belle langue et étaient plus versés dans votre éloquence, bien que non plus passionnés pour elle. Ils eurent la noble hardiesse d’écrire des vers italiens, et leurs tentatives servirent à prouver combien est poétique l’idiome toscan, et quel secours il fournit à un artiste, puisqu’ils réussirent dans la composition des vers italiens tandis qu’ils n’avaient pu avoir de succès dans notre poésie. C’étaient des enfants qui ne pouvaient marcher sans la main de leur mère, et, en vérité, la langue toscane, cette fille ainée du latin, est la mère de tous les beaux-arts et spécialement de la poésie. J’ai bu trop tard les douces eaux de votre source sacrée, je n’ai lu vos divins poètes qu’après avoir fatigué les muses françaises de mes compositions. Enfin, je me suis tourné vers vos auteurs et j’en suis tombé amoureux. Vous avez eu pitié de ma passion et vous l’avez enflammée.

    Il me semble que mon goût à les lire soit devenu plus vif et plus raffiné par suite de la distinction que Vos Excellences m’ont décernée. Je me parais plus grand que moi-même ; et si je ne puis écrire avec élégance en italien, j’aurai du moins la consolation de lire les beaux ouvrages de votre Académie, et non sans profit. Je ne vous suis donc pas seulement redevable d’un honneur, mais aussi d’un plaisir ; et plus grande faveur ne peut jamais être accordée. Tant que j’aimerai la vertu, c’est-à dire aussi longtemps que je serai homme, je resterai comblé de vos faveurs, et je me dirai avec les plus vifs sentiments de reconnaissance et le plus profond respect.

  2. Éditeurs, de Cayrol et François.