Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome36.djvu/458

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You have got amongst your prisoners of war a French noble man called the marquis d’Eguilles, brother to that noble and ingenious madman who has wrote the Lettres juives. The marquis is possessed of as much wit as his brother, but is a little wiser. I think no body deserves more your obliging attention, I dare say kindness. I recommend him to you from my heart. My dear Falkener is renowned in France for many virtues and dear to me for many benefits ; let him do me this new favour, I will be attached to him for all my life.

Farewell, my dear friend let all men be friends, let peace reign over all Europe[1] !


1832. — À M. BERGER[2],
directeur de l’opéra.
Du 13 juin.

Il me serait bien peu séant, monsieur, qu’ayant fait le Temple de la Gloire pour un roi qui en a tant acquis, et non pour l’Opéra, auquel ce genre de spectacle trop grave et trop peu voluptueux ne peut convenir, je prétendisse à la moindre rétribution et à la moindre partie de ce qu’on donne d’ordinaire à ceux qui tra-


  1. Traduction : Mon très-cher et très-respectable ami, quoique je sois un chien de papiste, très-dévoué à Sa Sainteté et espérant bien d’être sauvé par sa puissance, cependant je conserve en moi pour la vie quelque chose d’anglais, et je ne peux que vous faire mon compliment de la vaillante conduite de votre illustre duc. Nous venez de faire une campagne dure et pénible, dans un climat un peu différent de la Turquie*.

    Vous avez l’avantage d’avoir parmi vos prisonniers de guerre un gentilhomme français, appelé le marquis d’Éguilles, frère du généreux et spirituel fou** qui a écrit les Lettres juives. Le marquis est plein d’esprit comme son frère ; mais il est un peu plus sage. Je crois que personne ne mérite davantage votre obligeant intérêt, j’ose même dire votre amitié. Je vous le recommande de tout mon cœur. Mon cher Falkener est renommé en France pour bien des vertus ; il m’est cher, à moi, pour mille bontés : qu’il m’accorde cette nouvelle faveur, je lui serai attaché à jamais.

    Adieu, mon cher ami ; que tous les hommes soient amis ! que la paix règne sur toute l’Europe. (A. F.)

    *. Falkener avait suivi le duc de Cumberland en Écosse.
    **. Le marquis d’Argens.
  2. Ancien receveur général des finances du Dauphiné. Il eut la direction de l’Opéra depuis 1744 jusqu’en 1747, en société avec le chevalier de Mailly, colonel de dragons, qui prit, dans l’acte, le nom de Venture. Il s’agit, dans cette lettre, des honoraires qui étaient dus aux auteurs du Temple de la Gloire, opéra remis au théâtre de l’Académie royale de musique en 1746. Ce M. Berger n’est pas le même que celui à qui sont adressées d’autres lettres (voyez, tome XXXIII, une note de la lettre 367).