Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome36.djvu/459

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vaillent pour le théâtre de l’Académie de musique. Le roi a trop daigné me récompenser, et ni ses bontés ni ma manière de penser ne me permettent de recevoir d’autres avantages que ceux qu’il a bien voulu me faire. D’ailleurs, la peine que demande la versification d’un ballet est si au-dessous de la peine et du mérite du musicien ; M. Rameau est si supérieur en son genre, et, de plus, sa fortune est si inférieure à ses talents, qu’il est juste que la rétribution soit pour lui tout entière. Ainsi, monsieur, j’ai l’honneur de vous déclarer que je ne prétends aucun honoraire ; que vous pouvez donner à M. Rameau tout ce dont vous êtes convenu sans que je forme la plus légère prétention. L’amitié d’un aussi honnête homme que vous, monsieur, et d’un amateur aussi zélé des arts, m’est plus précieuse que tout l’or du monde. J’ai toujours pensé ainsi et, quand je ne l’aurais pas fait, je devrais commencer par vous et par M. Rameau. C’est avec ces sentiments, monsieur, et avec le plus tendre attachement que j’ai l’honneur d’être, etc.[1]


1833. — À M. LE MARQUIS D’ARGENSON[2].
Paris, jeudi 23 juin.

Triomphez en tout, comme vous venez de l’emporter pour mon cher abbé de La Ville[3]. Comptez, monseigneur, que vous viendrez à bout de tout, et qu’il est impossible qu’un cœur si noble, un esprit si droit, un travail si supérieur, ne vous assurent tout ce que vous méritez : car celtuy là est pour faire grand pourfit à l’Estat et à son maistre.


1834. — À M. MULLER[4].
Versailles, 28 junii 1746.

Si longo et gravi morbo non laboravissem, citius tibi et venerandæ imperiali Academiæ quas debeo reddidissem gratias. Semper miratus sum quantam orbi terrarum utilitatem afférent tot nova virorum doctissimorum collegia, quæ quasi communem inter

  1. Le catalogue des autographes vendus à la salle Drouot le 17 avril 1880 signale, à la date du 15 juin 1746, une lettre du Père Roger Boscovich, célèbre mathématicien et écrivain italien, mandant à Voltaire que l’Académie des Arcades l’a admis, à l’unanimité, parmi ses membres.
  2. Éditeurs, de Cayrol et François.
  3. Il venait d’être nommé membre de l’Académie française.
  4. Gérard-Frédéric Muller, né en 1705, mort en 1783 ; voyez tome XVI, page 374.