Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome36.djvu/521

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plaire de cette édition en douze tomes. J’ai vu cet exemplaire. Je l’ai exactement confronté avec le volume contenant la Henriade, lequel se vend séparément, qui vient du même magasin, qui est imprimé par les mêmes éditeurs, et qui est débité à Versailles, par le nommé Lefèvre, publiquement.

J’ai l’honneur, monsieur, de vous présenter une de ces Henriade que Lefèvre vend. Vous pourriez, je crois, savoir aisément de lui où est le magasin de toute cette édition. Il ne peut refuser de vous dire d’où il tient sa Henriade. Ce livre étant permis, il ne doit point céler d’où il le tire, et, s’il ne l’avoue pas, c’est s’avouer coupable de l’édition scandaleuse dont cette Henriade fait le premier tome.

Je me repose de tout, monsieur, sur votre prudence, sur vos hontés et sur votre justice. Je me flatte que monseigneur le comte de Maurepas voudra bien employer son autorité, et concourir avec vous pour supprimer ce désordre.

Je vous remercie, monsieur, des attentions favorables dont vous avez bien voulu m’honorer dans cette occasion.

1896 — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
Le 27 juin.

Je pars demain ; je me rapproche d’environ soixante lieues de mon cher et respectable ami. M. l’abbé de Chauvelin peut vous dire des nouvelles d’une répétition de Sémirarnis, les rôles à la main. Tout ce que je désire, c’est que la première représentation aille aussi bien. Ils ne répétèrent pas Mérope avec tant de chaleur. Ils m’ont fait pleurer ; ils m’ont fait frissonner. Sarrasin a joué mieux que Baron ; Mlle  Dumesnil s’est surpassée, etc. Si La Noue n’est pas froid, la pièce sera bien chaude. Elle demande un très-grand appareil. J’ai écrit à M. le duc de Fleury[1], à Mme  de Pompadour. Il nous faut les secours du roi ; mais, mon ange, il nous faut le vôtre. Écrivez bien fortement à M. le duc d’Aumont ; mais surtout revenez au plus vite protéger votre ouvrage, et recevoir la fête que je vous donne. Les acteurs seront prêts avant quinze jours. Encore une fois, s’ils jouent comme ils ont répété, M. Romancan leur fera de bonnes recettes. J’ignore encore si je pourrai voir les premières représentations[2], mais vous les verrez. C’est

  1. L’un des quatre premiers gentilshommes de la chambre, avec le duc d’Aumont.
  2. Voltaire y assista. Voyez l’art. XVIII des Mémoires de Longchamp.