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1905. — AU LIEUTENANT GÉNÉRAL DE POLICE[1].
30 août 1748.

Monsieur, j’apprends, en arrivant à Paris, que le public reçoit avec quelque indulgence une tragédie d’un goût un peu nouveau, que vous honorez de vos bontés. Des pièces de théâtre qui respirent la vertu sont par là une partie de la police digne de votre attention. Je vous supplie de vouloir bien ordonner que deux exempts soient sur le théâtre pour faire ranger une foule de jeunes Français qui ne sont guère faits pour se rencontrer avec des Babyloniens[2].


1906. — DU LIEUTENANT GÉNÉRAL DE POLICE[3].

J’ai été instruit, monsieur, de la grande foule qu’il y a eu sur le théâtre jeudi, et qui a pu gêner la représentation. Mais quel remède apporter au moment même ? Lorsque les spectateurs sont entrés et placés, peut-on les faire sortir ; et par qui commencer ? L’abus provient du trop grand nombre de billets que les comédiens distribuent. D’ailleurs, les billets de théâtre n’étant pas différents des places principales, tout le monde préfère le théâtre et veut y être, parce qu’on se communique plus facilement que dans les loges. Je viens de charger l’exempt de parler, de ma part, aux comédiens, et de se concerter avec eux pour prendre, de très-bonne heure, de justes précautions pour ne point laisser entrer plus de monde qu’il ne faut au théâtre. Quant à l’endroit de votre pièce où le censeur a retranché quelques vers, je parlerai aux comédiens, pour tâcher d’arranger les choses à votre satisfaction. Au surplus, elle doit être remplie par le succès qu’elle a eue. Recevez-en mon compliment, que je vous fais de tout cœur. Il y a longtemps que vous êtes accoutumé aux applaudissements, et je me suis toujours fait un plaisir de les prévenir dans le public.


1907. — AU LIEUTENANT GÉNÉRAL DE POLICE[4].
À Paris, ce 8 septembre.

Monsieur, permettez qu’en partant pour Lunéville j’aie l’honneur de vous remercier de toutes vos bontés. Je vous supplie d’y ajouter celle de faire ordonner à la chambre syndicale des libraires qu’on tienne la main à empêcher toute édition subreptice

  1. Éditeur, Léouzon Leduc.
  2. Le public était encore admis sur la scène ; ce n’est qu’à partir du 23 avril 1739, et grâce aux générosités du comte de Lauraguais, qu’on put abolir cet usage.
  3. Éditeur, Léouzon Leduc.
  4. Éditeurs, de Cayrol et François.