Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome36.djvu/560

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Au reste, les personnes qui ont condamné les soupés me paraissent indignes de souper ; c’est, à mon sens, la critique du monde la plus ridicule. Mais les gens qui ont tort sont presque toujours les plus forts ; pour moi, qui ne soupe plus, je retranche les soupés, même en vers. Mme du Châtelet, à qui je ne donnerai plus mes vers que quand j’y aurai mis la dernière main, vous fait mille compliments. Voulez-vous bien permettre que j’assure Mme du Deffant de mon respect ?

Je reçois aussi une lettre de vous, renvoyée de Lunéville à Paris et à Cirey. Je vous remercie de tant de faveurs. Conservez-moi une amitié aussi nécessaire à ma gloire, si j’en ai, qu’au bonheur de ma vie ; cette vie est à vous.

On dit que vous logez près de mes confrères les Incurables ; je me flatte que vous ne l’êtes pas. Les murs de Thèbes, d’Ilion et de Babylone, ne sont plus ; mais mon cœur restera inébranlable à la tendre amitié qu’il vous porte.


1938. — À M. LE CARDINAL QUERINI[1].
À Cirey, le 3 janvier 1749.

Le porgo il mio riconosciamento pei gentilissimi versi che Vostro Eminenza si è compiaciuta d’inviarmi, e per la licenza che mi concede di dedicarle la mia tragedia di Semiramide. Non poterò far stamparla avanti due o tre mesi, perchè sono caduto ammalato alla corte di Lorraine, e mi sono ritirato nel castello di Cirey in Sciampagna, colla signora marchesa du Châtelet, la più virtuosa donna di tutta la Francia. Ella ha letto le vostre opere latine e toscane, e rende all’illustrissimo autore tutta la giustizia che gli è dovuta. Vorrei che questa piccola nostra Arcadia fosse un poco più vicina al vostro vescovado ed al vostro parnasso ; sono veramente troppo lontano da Vostra Eminenza. La mia mente fa ogni giorno il viaggio d’Italia. Ma il cattivo stato del corpo mi ritiene ; spiritus enim promptus est, caro autem infirma. Qualunque sia il paese che io abiti, saro sempre, colla più viva gratitudine, di Vostra Eminenza, obbedientissimo ed umillimo servitore[2].

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Traduction : Recevez mes remerciments pour les très-jolis vers que Votre Éminence a daigné m’envoyer, et pour la permission qu’elle m’accorde de lui dédier ma tragédie de Sémiramis. Je ne pourrai la faire imprimer avant deux ou trois mois, parce que je suis tombé malade à la cour de Lorraine, et me suis retiré au château de Cirey en Champagne, avec la marquise du Châtelet, la plus savante