Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome36.djvu/561

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1939. — À M. D’ARNAUD[1].
À Cirey, janvier.

Je vous ai aimé dès que je vous ai connu, et j’ai toujours cru que vous seriez un honnête homme et un homme aimable ; je l’espère plus que jamais. Mettez à profit votre jeunesse, étudiez sérieusement, et rendez-vous utile à vous-même. Si je peux jamais être à portée de vous marquer solidement mes sentiments pour vous, et l’intérêt que je prends à tout ce qui vous regarde, comptez absolument sur Voltaire.

En attendant le paquet de Berlin, voici une petite drôlerie dont vous pourrez régaler Sa Majesté prussienne ; il en a couru des copies fort infidèles. Vous devriez bien me dire votre avis sur cette bagatelle, et m’apprendre aussi des nouvelles de Catilina.

Adieu, mon cher enfant, je serai tout le mois de janvier à Cirey.


1940. — DE STANISLAS,
roi de pologne, duc de lorraine et de bar.
Le 9 janvier.

Peut-on s’attendre, mon cher Voltaire, qu’une si maudite cause produise un si bon effet ? Je vous fais savoir toute l’horreur de la calomnie, et vous me dites tout ce qui est de plus flatteur pour moi Il est certain qu’à juger de ce livre[2] par sa noirceur, il doit faire votre panégyrique, l’envie effrénée n’attaquant que le mérite. Je ne saurais cependant, malgré le mépris qu’on doit en avoir, qu’être touché sur tout ce qui regarde votre réputation. Elle m’est chère par l’amitié et la haute estime avec lesquelles je vous suis affectionné.

Stanislas, roi.

    dame de toute la France. Elle a lu vos ouvrages latins et italiens, et elle rend à l’illustre auteur la justice qui lui est due. Je voudrais que notre petite Arcadie fut plus voisine de votre évêché et de votre parnasse ; je suis vraiment trop loin de Votre Éminence. Mon esprit fait chaque jour le voyage d’Italie. Mais le misérable état du corps me retient : Spiritus enim promptus est, etc. Quel que soit le pays que j’habite, je serai toujours, avec la plus vive gratitude, de Votre Éminence le très-obéissant et très-humble serviteur.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Le Voltairiana ; voyez la note, tome XXII, page 76.