Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome37.djvu/122

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Venons à M. de Contades, qui mourra aussi bientôt à son tour, ainsi que moi. Il suffit que M. le marquis d’Argenson me donne un ordre sur son compte, pour que je fasse mes affaires des siennes. Croyez que j’aurai toujours pour vous le tendre et respectueux attachement qu’on fait semblant d’avoir pour les gens en place. J’aurai l’honneur de vous soumettre à Paris toutes les idées que j’ai pour servir M. de Contades, s’il veut être servi. Vous me demanderez peut-être ce que je fais à Versailles : je vois le roi passer un moment, et le reste du temps je travaille dans ma chambre.

Tuus ero seraper, tuus non aulicus. V.

2070. — À M. LE MARQUIS D’ARGENSON.
À Paris, le 13 mars.

J’arrive ; je suis assurément toute ma vie aux ordres de M. le marquis d’Argenson. Il y a bien longtemps que j’ai besoin de la consolation de passer quelques heures auprès de lui ; mais j’arrive malingre ; je suis à pied ; s’il a beaucoup d’équipages, veut-il m’envoyer chercher après son dîner ? ou aura-t-il le courage de venir dans la maison[1] que j’ai le courage d’habiter, et où je nourris autant de douleur et de regrets que de sentiments inviolables de respect et d’attachement pour le meilleur citoyen qui ait jamais tâté du ministère ?


2071. — À M. BERRYER,
lieutenant général de police[2].
Paris, 15 mars 1750.

Je me suis présenté à votre porte pour vous supplier de ne point laisser avilir les gens de lettres en France, et surtout ceux que vous honorez de vos bontés, au point qu’il soit permis aux sieurs Fréron et abbé de La Porte d’imprimer tous les quinze jours les personnalités les plus odieuses. L’abbé Raynal, attaqué comme moi, est venu avec moi, monsieur, pour vous supplier de supprimer ces scandales, dont tous les honnêtes gens sont indignés. Ayez la bonté, monsieur, d’en conférer avec M. d’Ar-

  1. Celle dont Mme du Châtelet avait occupé le rez-de-chaussée et le premier, rue Traversière.
  2. Éditeurs, de Cayrol et François.