Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome37.djvu/297

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vient d’avoir vu M. le duc de Chevreuse[1], et en parle souvent avec éloge.

Je n’ose vous prier de faire mention de moi à la reine. Je ne me flatte pas d’être dans son souvenir ; mais je suis auprès d’un roi qui est le meilleur ami du roi son père. Je n’ai que ce titre pour prétendre à sa protection ; mais peut-être que, si vous lui disiez un mot de moi, elle pourrait s’en souvenir avec cette bonté indulgente qu’elle a pour tout le monde. Ne soyez point surpris de la confiance avec laquelle je me suis expliqué à vous : c’est vous qui me l’avez donnée. L’usage que vous voudrez bien en faire augmentera la félicité dont je jouis auprès d’un roi philosophe, et rendra plus agréable le voyage que j’espère toujours faire à Paris, et qui sera hâté par le plaisir de venir vous faire les remerciements les plus sincères, et de vous renouveler les assurances d’un attachement et d’une estime que je conserverai toujours.


2247. — À M. DE LA METTRIE.
À Potsdam.

Allez, courez, joyeux lecteur,
Et le verre à la main, coiffé d’une serviette,
De vos désirs brûlants communiquer l’ardeur
Au sein de Phyllis et d’Annette.
Chaque âge a ses plaisirs ; je suis sur mon déclin.
Il me faut de la solitude ;
À vous, des amours et du vin.
De mes jours trop usés j’attends ici la fin,
Entre Frédéric et l’étude.
Jouissant du présent, exempt d’inquiétude,
Sans compter sur le lendemain.

Mes compliments à la cousine. Partez donc avec le gai-mélancolique Darget, et aimez-moi en chemin.


2248. — À M. DEVAUX.

Mon cher Panpan, je vous assure que je ressens bien vivement la douleur de vous être inutile. Croyez que ce n’est pas le zèle qui m’a manqué. Vous ne doutez pas de la satisfaction extrême que j’aurais eue à faire réussir ce que vous m’avez recommandé ;

  1. Marie-Charles-François d’Albert, duc de Chevreuse, né en 1717, lieutenant général depuis le commencement de 1748.