sais comment on y en trouve[1] dans l’édition de mon conseiller aulique. Il y a plus d’une bévue pareille. Je vous dirai : Et ignorantias meas ne memincris[2]. Votre livre, qui vous doit faire beaucoup d’honneur, n’a pas besoin de pareils secours. Je souhaite que vous en tiriez autant d’avantage que de gloire ; je ne suis pas surpris de ce que vous me dites, et je ne suis surpris de rien. Soyez-le si je ne conserve pas toujours pour vous la plus parfaite estime et la plus tendre amitié.
Les mondains oublient volontiers les moines. Vous êtes dans les plaisirs, mon cher Darget, à Paris, à Plaisance, à Versailles. Lontano dagli occhi, lontano dal cuore[3] ! Vous voilà comme une jeune religieuse qui a sauté les murs, et qui cherche un amant, tandis que les sœurs professes restent au chœur et prient Dieu pour elle. Je ne vous dirai pas : Omitte mirari beatæ fumum et opes strepitumque Romæ[4] ; je vous dirai au contraire : Carpe diem, jouissez. Je ne doute pas que vous n’ayez retrouvé dans M. Duverney[5] la solide amitié qu’il a toujours eue pour vous, et que vous n’en goûtiez tous les fruits. Vous voilà dans le sein de votre famille qui vous aime ; mais n’oubliez pas que vous êtes aussi aimé ailleurs. J’ai répondu exactement à votre lettre de Strasbourg. J’ai adressé ma lettre chez M. du Marsin, rue Française, près de la Comédie Italienne. Je serais bien surpris et bien affligé si vous ne l’aviez pas reçue. M. de Fredersdorff vient de me rembourser cette bagatelle pour laquelle vous m’aviez donné une assignation sur lui. Notre vie est toujours la même. Vous nous retrouverez tels que vous nous avez laissés, dans la tranquillité, dans la paix, dans l’union, dans l’uniformité. Le couvent est toujours sous la bénédiction du Seigneur ; mais comptez que de tous les moines, le plus chétif, qui est moi, est celui qui vous aime davantage, et qui désire le plus véritablement votre bonheur. Songez à votre vessie et à votre bien-être. Nous chanterons un Te Deum à votre retour. Pour moi, j’en chanterai tou-