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lucciola[1], m’ inchino profondamente alla Stella di prima grandezza, e sono per sempre, con ogni maggiore ossequio e venerazione, etc.[2].


2436. — À FRÉDÉRIC II, ROI DE PRUSSE.

Sire, je mets à vos pieds Abraham et un Catalogue[3]. Le père des croyants n’est qu’ébauché, parce que je suis sans livres. Mais, si Votre Majesté jette les yeux sur cet article, dans Bayle, elle verra que cette ébauche est plus pleine, plus curieuse, et plus courte. Ce livre, honoré de quelques articles de votre main, ferait du bien au monde. Chérisac[4] coulerait à fond les saints Pères.

Il y a une grande apparence que j’ai fait une grosse sottise en envoyant à Votre Majesté un mémoire détaillé. Mais, sire, j’ai parlé en philosophe qui ne craint point de faire des fautes devant un roi philosophe, auquel il est assurément attaché avec tendresse. Je peux très-bien me corriger de mes sottises, mais non en rougir.

J’aurai encore la hardiesse de dire que je ne conçois pas comment on peut habiller tous les ans cent cinquante mille hommes, nourrir tous les officiers de ses gardes, bâtir des forteresses, des villes, des villages, établir des manufactures, avoir trois spectacles, donner tant de pensions, etc., etc.

Il m’a paru qu’il y aurait une prodigieuse indiscrétion à moi de proposer de nouvelles dépenses à Votre Majesté pour mes fan-

  1. Allusion à l’expression d’étoile de la première grandeur, rappelée dans la lettre 2384.
  2. Traduction : Que pensera Votre Éminence quand elle lira cette lettre après celle du Salomon du Nord ? Elle pensera qu’ayant reçu l’or, l’encens et la myrrhe d’un prince qui vaut les trois rois de l’Épiphanie, elle veut bien jeter les yeux sur le tribut d’un berger.

    Ses délices sont d’ériger des églises, mais elle s’élève un temple dans la mémoire des hommes. Je voudrais joindre mes applaudissements aux éloges que font retentir les presses de Brescia ; mais ma voix est rauque, et mon esprit se ressent de la langueur de mon corps. Quand verrons-nous un libraire habile faire un recueil des productions trop éparses de Votre Éminence ? « N’écrivez pas vos vers sur des feuilles volantes. » Mais que tous vos ouvrages soient réunis « pour l’immortalité ».

    Je présage que Votre Éminence donnera encore longtemps des bénédictions aux chrétiens et des exemples à l’univers. Pour moi, petit ver luisant, je dois me prosterner devant une étoile de première grandeur, et je suis pour toujours, avec la soumission et le respect le plus profond, etc.

  3. Le Catalogue des écrivains du siècle de Louis XIV.
  4. Voltaire avait probablement signé de ce nom le manuscrit de l’article Abraham, envoyé au roi de Prusse.