Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome37.djvu/512

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cette matière ; je n’ai que mes propres mémoires, que j’avais apportés de France, et qui m’ont servi de matériaux. Les autorités n’y sont point citées en marge. Je n’avais pas cru en avoir besoin pour un ouvrage qui n’est point une histoire détaillée, et que je ne regardais que comme un tableau général des mœurs des hommes, et de la révolution de l’esprit humain sous Louis XIV.

Je me souviens bien que je n’ai pas toujours suivi l’abbé de Choisy, dans sa Relation de Siam[1] : c’est un de mes parents, nommé Beauregard, qui avait défendu la citadelle de Bankok, sous M. de Fargue[2], autant qu’il m’en souvient, de qui je tiens l’aventure de la veuve de Constance.

Quant au roi Jacques et à la reine sa femme, ils arrivèrent à Saint-Germain à trois ou quatre jours l’un de l’autre. Ce ne sont point de pareilles dates dont je me suis embarrassé. Je n’ai songé qu’à exposer les malheurs du roi Jacques, la manière dont il se les était attirés, et la magnificence de Louis XIV. Mon objet était de peindre en grand les principaux personnages de ce siècle, et de laisser tout le reste aux annalistes. Quand je suis entré dans les détails, comme aux chapitres des anecdotes et du gouvernement intérieur, je l’ai fait sur mes propres lumières et sur les témoignages des plus anciens courtisans.

Feu M. le cardinal de Fleury me montra l’endroit où Louis XIV avait épousé Mme de Maintenon : il m’assura positivement que l’abbé de Choisy s’était trompé ; que ce n’était pas le chevalier de Forbin, mais Bontemps et Montchevreuil qui avaient assisté comme témoins. En effet, il était naturel que Louis XIV employât dans cette occasion ses domestiques les plus affidés, et le chevalier de Forbin, chef d’escadre, n’était point domestique de ce monarque.

Pour l’article de Descartes, permettez-moi, je vous prie, ce que j’en ai dit. Je n’ai pensé qu’à faire rentrer en eux-mêmes ceux dont le zèle imprudent traite trop souvent d’athées des philosophes qui ne sont pas de leur avis.

Si l’article de feu M. de Beausobre vous intéresse, vous le trouverez, monsieur, dans une nouvelle édition qui va paraître, ces jours-ci, à Leipsick et à Dresde, et que je ne manquerai pas d’avoir l’honneur de vous envoyer. Vous y trouverez deux fragments bien curieux, copiés sur l’original de la main de Louis XIV même.

On s’est trop pressé, en France et ailleurs, d’inonder le public

  1. Journal du voyage de Siam fait en 1685 et 1686.
  2. Nommé Desfarges à la page 32 de l’Histoire de M. Constance par Deslandes, 1756, in-8°.