Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome37.djvu/536

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vous et sans M. le maréchal de Belle-Isle ? Nommez-m’en un troisième qui ait de la réputation, je vous en défie. Vivez, monseigneur le maréchal ; ayez l’éclat de tous les âges, soyez heureux autant qu’honoré. Je ne puis vous dire encore quand je pourrai faire un voyage pour vous ; mais mon cœur est à vous pour jamais.


2466. — À LEURS EXCELLENCES
messieurs du conseil suprême de berne en suisse[1].
Château de Potsdam, près de Berlin, ce 25 novembre 1752.

Messieurs, quoique j’appartienne à deux rois, auxquels je suis attaché par devoir, et par la reconnaissance que je dois à leurs bienfaits, j’ai cru pouvoir rendre un hommage solennel à votre gouvernement, que j’ai toujours admiré, et dont je n’ai cessé de faire l’éloge.

Je demande à Vos Excellences la permission de leur dédier une tragédie[2] qui a été représentée avec quelque succès sur le théâtre de Paris. J’ai cru que je ne pouvais choisir de plus dignes protecteurs d’un ouvrage où j’ai peint le sénat de Rome que Vos Excellences.

Ce n’est pas la grandeur des empires qui fait le mérite des hommes. Il y a eu dans l’aréopage d’Athènes des hommes aussi respectables que les sénateurs romains, et il y a dans le conseil de Berne des magistrats aussi vertueux et aussi éclairés que dans celui d’Athènes.

J’attends vos ordres, messieurs, pour avoir l’honneur de vous présenter un tribut que j’ai cru ne devoir qu’à vous. Un ouvrage où l’amour de la liberté triomphe ne doit être dédié qu’aux plus vertueux protecteurs de cette liberté si précieuse[3].

Je suis, avec respect, messieurs, de Vos Excellences le très-humble et très-obéissant serviteur,


Voltaire,
gentilhomme ordinaire de la chambre du roi de France,
et chambellan du roi de Prusse.
  1. Publiée dans la Suisse illustrée du 25 mai 1872, par M. C.-G. Kœnig, d’après une copie trouvée dans les papiers du professeur Lerber.
  2. Rome sauvée ou Catilina.
  3. Les avoyers de Berne refusèrent l’hommage de Rome sauvée. Ce fut l’un d’eux, M. Lerber, qui répondit, au nom de tous ; voyez le n° 2478.