Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome37.djvu/560

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protection, monsieur, comme un Français, comme un domestique du roi, comme un officier de sa maison. Je n’ai jamais cessé de lui appartenir ; il me fait même une pension, outre le brevet de son gentilhomme ordinaire qu’il m’a conservé. Il ne m’a cédé à Sa Majesté prussienne qu’en me conservant tous mes droits dans ma patrie. Vous êtes ici le protecteur des Français ; je vous demande instamment, monsieur, de couronner vos bontés ; de parler à M. de Podewils d’une manière touchante, et de l’engager par la plus pressante sollicitation à représenter au roi son maître combien il est digne de sa grandeur et de sa bonté de laisser sortir à son grè un étranger malheureux et malade, qu’il a eu deux ans et demi auprès de sa personne, et qui conservera toujours pour ses anciennes bontés la plus respectueuse reconnaissance, et combien il est digne encore d’un monarque tel que lui d’adoucir par des paroles de bienveillance le tort à jamais irréparable qu’il m’a fait.

Personne n’est plus en état que vous, monsieur, de me rendre les meilleurs offices, et par le poste où vous êtes et par la confiance qu’on doit avoir en vous. Je vous supplie d’ajouter cette marque de bonté à toutes celles que vous m’avez données. Je ne peux vous ofTrir que les tristes témoignages d’une reconnaissance aussi tendre, aussi respectueuse qu’inutile : mais c’est assez pour une âme aussi belle que la vôtre. V.

J’ajoute que je vous supplie de demander le secret à M. de Podewils jusqu’à mon départ, comme j’ose le demander au roi de Prusse.


2495. — À M. LE MARQUIS DE COURTIVRON[1].
Le 2 janvier 1753.

Je vous remercie, monsieur, des éclaircissements que vous avez bien voulu me donner sur votre Traité de la Lumière. Je les reçois avec reconnaissance, et j’avoue qu’ils m’étaient nécessaires pour le bien entendre, car, quoique je me sois autrefois occupé de mathématiques, j’en ai actuellement perdu l’habitude.

Quand je reçus votre livre, je crus que c’était l’ouvrage d’un savant ordinaire : mais notre cher Clairaut m’apprend que vous

  1. Gaspard le Compasseur de Créqui-Montfort, marquis de Courtivron, né en 1715, au château de Courtivron en Bourgogne, reçu à l’Académie des sciences en 1744, mort en octobre 1755. Son Traité d’Optique, cité ici par Voltaire, parut en 1752, in-4°. (Cl.)