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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome39.djvu/130

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Tronchin dans les corps. Il a ressuscité deux fois ma nièce de Fontaine ; il a guéri une gangrène de vieillard. Mme de Muy[1], qui est arrivée mourante à Genève il y a trois mois, a des joues, et vient chez moi coiffée en pyramide. Il me fait vivre. Venite ad me, omnes qui laboratis[2]. Ce sont là de vrais miracles, mais ils sont aussi rares que les faux ont été communs. Je me flatte que Mme de La Popelinière sera du petit nombre des élus.

Pendant que Tronchin conserve la vie à trois ou quatre personnes, on en tue vingt mille en Bohême. Je ne sais pas encore le détail de la grande bataille[3]. Les relations sont différentes. Il paraît vraisemblable que notre Salomon est vainqueur. Heureux qui vit tranquille sur le bord de son lac, loin du trône et loin de l’envie !

Mettez-moi à part, je vous prie, un Derham[4] et les Mémoires[5] de Philippe V. Je vous demanderai d’autres livres à mesure que les besoins viendront, et vous enverrez la cargaison par la diligence, afin de n’en pas faire à deux fois. Je suis très-sensible au soin que vous avez la bonté de prendre.

Vous me parlez de vers qu’on m’attribuait ; n’est-ce pas une petite pièce qui finit ainsi :


Votre bonheur serait égal au mien[6] ?


Ils ont plus de cent ans, et ils ont été faits pour le cardinal de Richelieu.

Je ne suis pas fâché d’être loin du centre des faux bruits et des tracasseries. J’ose encore espérer qu’il y a des hommes plus puissants que moi qui seront moins heureux que moi.

En vous remerciant, mon ancien ami, de m’avoir procuré le plaisir de pouvoir être auprès de notre docteur le commissionnaire d’une personne[7] dont je voudrais rendre la vie longue et heureuse.

Si vous avez des nouvelles,


Candidus imperti · · · · · · · · · · · · · · ·


Vale, amice.
  1. Née Hennin-Liétard, mariée, en 1744, au marquis de Muy, nommé lieutenant général en 1748 ; morte en 1764.
  2. Matthieu, xi, 28.
  3. Gagnée à Lowositz, le 1er octobre, par Frédéric. II.
  4. Voyez tome XXVIII, pape 217.
  5. Mémoires pour servir à l’Histoire d’Espagne, sous le règne de Philippe V, rédigés on espagnol par le marquis de Saint-Philippe, traduits, « elon Barbier, par de Maudave ; 1756, quatre volumes in-12.
  6. Vers de Maynard ; voyez tome XIV, page 103.
  7. Mme de La Popelinière.