Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome39.djvu/14

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Mais qu’il me serait plus doux de me mettre encore aux pieds de leur adorable mère ! Gotha est toujours dans mon cœur.

Recevez, madame, les profonds respects d’un homme éternellement dévoue à Votre Altesse sérénissime.


3132. — À M. TRONCHIN, DE LYON[1].
Délices, 10 mars 1736.

… Songez que cette berline peut servir à nous mener à Lyon, en cas que le conseil de ville me commande une inscription pour son théâtre, et une tragédie pour la dédicace. Tout serait prêt aux ordres de la ville. Mais il serait impossible de faire la dédicace sans prendre Mlle Clairon pour grande prêtresse. Vous seriez bien homme à arranger tout cela, car de quoi ne viendriez-vous pas à bout ?


3133. — À M. DUPONT,
avocat.
Aux Délices, 10 mars.

Mon cher ami, le séjour de Colmar n’a point été triste pour moi ; j’y travaillais, je vous voyais, et je vous regrette. J’ai passé l’hiver à Monrion avec notre ami de Brenles. Nous aurions bien voulu que le temps des vacances eût été en hiver, et que vous eussiez pu venir dans cet ermitage. Celui où je suis à présent vous plairait davantage : j’ai trouvé, en arrivant, des fleurs épanouies dans mes parterres.

Comptez que les environs du lac Léman ne sont point barbares ; les habitants le sont encore moins. Il n’y a point de ville où il y ait plus de gens d’esprit et de philosophes qu’à Genève. Ma maison ne désemplit pas, et j’y suis libre. Je suis au désespoir que votre destinée vous fixe à Colmar, car probablement je n’y retournerai pas, et vous ne viendrez point à mes Délices, Il faut que vous souteniez la cause de la veuve, de l’orphelin, et du juif d’Alsace. Courage ! plaidez et aimez les deux Suisses qui vous aiment, et qui font mille compliments à Mme Dupont. Ne nous oubliez pas auprès de monsieur et de madame[2], etc.

  1. Revue suisse, 1855, page 404.
  2. M. et Mme de Klinglin.