Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome39.djvu/178

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Vous me feriez grand plaisir de me mander ce qu’on reprend dans cette Histoire générale. Je voudrais ne point laisser d’erreurs dans un livre qui peut être de quelque utilité, et qui met tout doucement sous les yeux les abominations des Campion, des Oldcorn, des Guignard et consorts, dans l’espace de dix siècles. Je me flatte que vous favorisez cet ouvrage, qui peut faire plus de bien que des controverses. Unissez, tant que vous pourrez, tous les philosophes contre les fanatiques.


3305. — À M.  LEKAIN[1].
À Monrion, prés Lausanne, le 4 février.

Mon cher Lekain, ma recommandation, la recommandation d’un Suisse, n’est pas d’un grand poids ; cependant j’ai écrit[2] comme vous l’avez voulu.

Est-il vrai que, le lendemain de cet horrible assassinat, votre camarade Dubreuil reçut une lettre adressée à un autre Dubreuil, laquelle lettre contient ces mots : Fuyez, le coup est manqué ? Voilà des tragédies bien abominables. Je vous embrasse.

P. S. J’écris peu et tard ; mais c’est que je travaille et que je suis malade.


3306. — À M.  LE CONSEILLER TRONCHIN[3].
Monrion, 5 février.

Il me paraît assez sûr que l’Espagne va se déclarer. Le roi de Prusse vient de m’écrire une lettre très-tendre. L’impératrice de Russie veut que j’aille à Pétersbourg. Mais je vous réponds bien que je ne quitterai pas vos Délices.

Il faut que je m’accoutume aux naufrages. Ce ne sont pas seulement mes vaisseaux de Cadix qui périssent ; une barque que j’envoyais de Monrion aux Délices, chargée de bois et de meubles, est allée au fond du lac. Cela ne m’empêchera pas de jouer le vieux bonhomme Lusignan dans Zaïre : ce rôle me convient. On joue tous les jours la comédie à Lausanne ; ce n’est pas comme dans votre ville de Calvin.

Je suis bien fâché de la mort du marquis d’Argenson, ex-ministre philosophe. Il y avait cinquante ans que je l’aimais.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. À Richelieu.
  3. Éditeurs, de Cayrol et François.