Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome39.djvu/181

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ques jours malade. Ce pauvre M.  d’Argenson avait servi le roi quarante ans ; il va mourir dans l’exil, et, sans l’aumône de foin que lui fait son neveu, il mourrait dans la misère. De pareils événements doivent affermir dans l’amour de la philosophie et de la liberté.

Mes raisons pour croire que l’Espagne joindrait ses flottes à celles de France contre les Anglais (supposé qu’elle ait des flottes) étaient fondées sur la convenance des temps, sur les affronts que les Anglais ont faits à la dignité de la couronne d’Espagne, sur l’indignation où cette cour est toujours de voir le port de Gibraltar entre des mains étrangères, sur les nouvelles démarches de la cour de France, sur le crédit que l’ambassadeur d’Espagne à Paris a eu de faire mettre à la Bastille je ne sais quel écrivain qui avait reproché aux Espagnols leur tiédeur dans une occasion si pressante. Je me suis trompé. Il faut que la cour de Madrid ait peu de vaisseaux, peu de matelots, et peu d’argent.


3310. — À MADAME LA DUCHESSE DE SAXE-GOTHA[1].
À Monrion, près de Lausanne, 8 février.

Madame, voici les dernières nouvelles ci-jointes, Votre Altesse sérénissime plaindra la France.

Le roi de Prusse m’a écrit de Dresde, le 19 janvier, une lettre toute pleine de bonté. La czarine veut que j’aille à Pétersbourg écrire l’histoire de Pierre Ier. Ah ! madame, si j’allais quelque part, ce serait à vos pieds. Que Votre Altesse sérénissime conserve ses bontés pour celui de ses serviteurs qui lui est attaché avec le plus profond et le plus tendre respect.


3311. — À M.  VERNES,
à genève.
Ce dimanche, à Monrion, février.

Je crois qu’on ne jouera l’Enfant prodigue que samedi, 12 du mois. Vous pourriez, mon cher monsieur, en qualité de ministre du saint Évangile, assister à une pièce tirée de l’Évangile même, et entendre la parole de Dieu dans la bouche de Mme  la marquise de Gentil[2], de Mme  d’Aubonne, et de Mme  d’Hermenches, qui valent

  1. Éditeurs, Bavoux et François.
  2. Sœur de Constant d’Hermenches, et, par conséquent, tante de Benjamin Constant. (Cl.)