avait quitté pour lui sa patrie. Il ne sait pas combien j’étais attaché à sa personne. Votre chambellan, madame, qui revient d’Italie, sait qu’on peut vivre heureux dans ma petite retraite auprès de Genève, appelée les Délices ; mais il sait aussi qu’un homme qui a fait sa cour à Votre Altesse royale ne peut vivre heureux ailleurs. Qu’elle me permette de faire mille vœux pour sa santé : la nature lui a donné tout le reste. Mais à quoi servent la beauté, la grandeur, l’esprit et les grâces, quand le corps souffre ?
Que Son Altesse royale et monseigneur agréent le profond respect et les ferventes prières de
On prétend que monsieur votre beau-frère[2], le prêtre, voudrait voir une pièce tirée du Nouveau Testament. Nous prêchons peut-être l’Enfant prodigue jeudi, après quoi on a pour le dessert un opéra-buffa[3]. Prenez vos mesures là-dessus, mon cher philosophe ; si ce n’est pas jeudi qu’on prêche, ce sera assurément cette semaine. Bonsoir ; je vous serai attaché, à vous et à la philosophe votre compagne, toutes les semaines de ma vie.
Le bonhomme Lusignan dit les choses les plus tendres à Mme de Fontaine et consorts ; il est devenu à présent le bonhomme Euphémon dans l’Enfant prodigue : c’est un vieillard qui aime toujours la bonne compagnie ; jugez s’il vous chérit.
Je suis impatient de savoir si votre aimable secrétaire est[4] enfin venu à bout, avec M. de Paulmy, d’une affaire qui était si difficile avec M. d’Argenson. Il est arrivé souvent qu’on a été
- ↑ Probablement le 6 mars. (Cl.)
- ↑ De Brenles avait trois beaux-frères prêtres, qui se nommaient Chavanes.
- ↑ La Serva padrona, voyez la lettre 3327.
- ↑ Le marquis de Florian. M. Clogenson dit que l’affaire difficile dont il s’agit était l’élection (qui n’eut pas lieu) de Voltaire à l’Académie des inscriptions. Quant aux petits chariots, voyez ci-dessus, la lettre 3252.