Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome39.djvu/202

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
3338. — À M. PALISSOT.
À Monrion, près de Lausanne.

Votre dernière lettre, monsieur, est remplie de goût et de raison. Elle redouble l’eslime et l’amitié que vous m’avez inspirées. Il est vrai qu’il y a bien des charlatans de physique et de littérature dans Paris ; mais vous m’avouerez que les charlatans de politique et de théologie sont plus dangereux et plus haïssables. L’homme[1] dont vous me parlez est du moins un philosophe ; il est très-savant, il a été persécuté : il est au nombre de ceux dont il faut prendre le parti contre les ennemis de la raison et de la liberté.

Les philosophes sont un petit troupeau qu’il ne faut pas laisser égorger. Ils ont leurs défauts comme les autres hommes ; ils ne font pas toujours d’excellents ouvrages ; mais, s’ils pouvaient se réunir tous contre l’ennemi commun, ce serait une bonne affaire pour le genre humain. Les monstres, nommés jansénistes et molinistes, après s’être mordus, aboient ensemble contre les pauvres partisans de la raison et de l’humanité. Ceux-ci doivent au moins se défendre contre la gueule de ceux-là.

On m’avertit que le libraire Lambert achève d’imprimer un énorme fatras ; et dans ce chaos il y a quelque germe de philosophie. Je me flatte qu’il vous le présentera ; il me fera un très-grand plaisir de vous donner cette faible marque des sentiments que je vous dois. Cette philosophie dont je vous parle exclut les formes visigothes de votre très-humble. Je vous embrasse.


3339. — À M. SAURIN[2].

J’entre dans vos peines, monsieur, et je les partage d’autant plus que je les ai malheureusement renouvelées, en cherchant la vérité. Le doute par lequel je finis l’article de Lamotte n’est point une accusation contre feu monsieur votre père ; au contraire, je dis expressément qu’il ne fut jamais soupçonné de la plus légère

  1. Diderot, enferme à Vincennes le 24 juillet 1749.
  2. Voyez tome XIV, page 135. Cette lettre, publié dans le Mercure en juin 1813, y est sans date. On lui donne celle de 1755 à la page 342 des Pièces inédites de Voltaire, 1820, in-8o. M. Clogenson, avec plus de raison, l’a mise en 1757 ; mais elle est peut-être postérieure au certificat du 30 mars qui est rapporté tome XIV page 135.