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la feuille qui renferme l’article de M.  Joseph Saurin. Il y a encore, à la vérité, quelques vieillards à Lausanne qui sont bien rétifs, mais j’espère les faire taire ; et le témoignage d’un historien qui est sur les lieux sera de quelque poids.

Il ne s’agit ici d’accuser personne ; il s’agit de justifier un homme dont la famille subsiste, et dont le fils mérite les plus grands égards ; mais je ne ferai rien sans savoir si vous le voulez, et si les mêmes considérations qui ont retenu votre plume ne vous portent pas à arrêter la mienne. Parlez-moi avec la même liberté que je vous parle. Si vous avez quelque chose de particulier à me faire connaître sur l’affaire des couplets, instruisez-moi, éclairez-moi, et mettez mon cœur à son aise.

Boindin était un fou atrabilaire. Le complot qu’il suppose entre un poëte, un géomètre, et un joaillier, est absurde ; mais la déclaration de Rousseau, en mourant, est quelque chose. Je voudrais savoir si monsieur votre père n’en a pas fait une de son côté. En ce cas, il n’y aurait pas à balancer entre son testament soutenu d’une sentence juridique, et le testament d’un homme condamné par la même sentence. Enfin tous deux sont morts, et vous vivez ; c’est votre repos, c’est votre honneur qui m’intéresse.

On me mande que le libraire Lambert travaille à une édition de l’Essai sur l’Histoire générale ; vous pourriez vous informer de ce qui en est. J’enverrais à Lambert un article sur monsieur votre père. Comptez que ce sera une très-grande satisfaction pour moi de pouvoir vous marquer les sentiments avec lesquels j’ai l’honneur d’être, etc.


3340. — À M.  THIERIOT[1].
À Monrion, 26 mars.

Mon cher et ancien ami, de tous les éloges dont vous comblez ce faible Essai sur l’Histoire générale, je n’adopte que celui de l’impartialité, de l’amour extrême pour la vérité, du zèle pour le bien public, qui ont dicté cet ouvrage.

J’ai fait tout ce que j’ai pu, toute ma vie, pour contribuer à étendre cet esprit de philosophie et de tolérance qui semble aujourd’hui caractériser le siècle. Cet esprit, qui anime tous les honnêtes gens de l’Europe, a jeté d’heureuses racines dans ce

  1. Cette lettre, imprimée dans le Mercure de mai 1757, l’a aussi été séparément la même année.