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mières insinuations pour la paix n’aient pas réussi, je suis persuadé qu’elles peuvent enfin avoir du succès.

Permettez que j’ose vous communiquer une de mes idées. J’imagine que le maréchal de Richelieu serait flatté qu’on s’adrossât à lui. Je crois qu’il pense qu’il est nécessaire de tenir une balance, et qu’il serait fort aise que le service du roi son maître s’accordât avec l’intérêt de ses alliés et avec les vôtres. Si, dans l’occasion, vous vouliez le faire sonder[1] cela ne serait pas difficile. Personne ne serait plus propre que M.  de Richelieu à remplir un tel ministère. Je ne prends la liberté d’en parler, madame, que dans la supposition que le roi votre frère fût obligé de prendre ce parti ; et j’ose vous dire qu’en ce cas il vous aurait beaucoup d’obligation, quand même les conjonctures le forceraient à faire des sacrifices. Je hasarde cette idée, non pas comme une proposition, encore moins comme un conseil ; il ne m’appartient pas d’oser en donner, mais comme un simple souhait qui n’a sa source que dans mon zèle.


Voltaire.

3395. — À M.  PALISSOT.
Aux Délices, 15 août.

Je hasarde, monsieur, ce petit mot de réponse rue du Dauphin, où vous demeuriez l’année passée, et où je suppose que vous êtes encore. Votre jugement sur la pièce nouvelle[2] confirme ce qu’on m’en a déjà mandé. Je sens combien le métier est difficile, et je vous jure que je ne voudrais pas le recommencer.

J’ai été longtemps en peine de votre ami M.  Patu. Je désire de tout mon cœur qu’il repasse par mon petit ermitage à son retour ; mais il sera triste qu’il y revienne seul[3]. Il avait un compagnon de voyage que je regretterai toujours, et à qui je souhaiterais un emploi auprès de mon lac hérétique plutôt qu’en terre papale.

C’est une chose bien flatteuse pour moi que Mme  la princesse de Robecq[4] ait bien voulu ne pas m’oublier. J’ambitionnais

  1. Voyez le troisième alinéa de la lettre 3402.
  2. Sans doute Iphigénie en Tauride.
  3. Patu, lors de son premier voyage à Genève et aux Délices, en octobre 1755, était accompagné de Palissot. Lors du second, en novembre 1756, il était avec d’Alembert.
  4. Anne-Maurice de Montmorency, fille du maréchal duc de Luxembourg et de Marie-Sophie Colbert-Seignelai ; mariée, en 1745, à Anne-Louis-Alexandre de