Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome39.djvu/269

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M. le docteur Tronchin m’a défendu le vin blanc. M. le bailli de Lausanne a toujours la bonté de me permettre que je fasse venir mon vin de France.

Mais à présent que je suis dans la ville, il me faudra un peu plus de vin, et je crains d’abuser de l’indulgence et des bons offices de monsieur le bailli. Quelques personnes m’ont dit qu’il fallait obtenir une patente de Berne ; je crois qu’en toute affaire le moindre bruit que faire se peut est toujours le mieux. Je m’imagine que la permission de monsieur le bailli doit suffire ; ne pourriez-vous pas consulter sur mon gosier M. le banneret de Freudenreich ? Je voudrais bien pouvoir avoir l’honneur d’humecter un jour, dans la petite retraite du Chêne, les gosiers de M. et de Mme de Freudenreich, et le vôtre. Je retourne demain aux Délices, voir mes prés, mes vignes et mes fruits, et mener ma vie pastorale ; c’est la plus douce et la meilleure. Je vous embrasse tendrement. V.


3411. — À M. THIERIOT.
Aux Délices.

Je suis vir desideriorum : premièrement, parce que te desidero in Deliciis meis ; secondement, parce que desidero les paperasses de Hubert[1]. M. de La Popelinière m’a flatté que le compère compilait.

Je vous prie, mon ancien ami, de bien remercier Pollionem de ses faveurs ; et je vous avertis que si vous n’avez pas la bonté de hâter un peu votre besogne moscovite, ma maison russe sera bâtie avant que vous m’ayez envoyé votre brique. J’ai reçu de Pétersbourg des cartes et des plans qui m’étonnent. Le pays n’a que cinquante ans de création, et la magnificence égale déjà l’étendue de l’empire,

Pierre était un ivrogne, un brutal parfois : je le sais bien ; mais les Romulus et les Thésée ne sont que de petits garçons devant lui. Vous en voyez les effets. Elisabeth expédie, le même matin, des ordres pour les frontières de la Chine, et pour envoyer cent mille hommes contre mon disciple Frédéric, roi de Prusse.

  1. On lit Hubert dans la première impression de cette lettre, à la page 362 des Pièces inédites, 1820, in-8°. Dans la lettre à Thieriot, du 12 septembre (voyez n° 3415), imprimée dans les éditions de Kehl, on lit aussi Hubert, et on donne à ce personnage le titre d’abbé. Cet auteur, dont Voltaire désirait les écrits, ne peut être celui qu’il appelle Hébert dans ses lettres 3186 et 3187, et des mémoires duquel il parle comme les connaissant déjà.