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Dont Platon nous marqua la loi.
Pour moi, menacé du naufrage,
Je dois, en affrontant l’orage,
Penser, vivre, et mourir en roi.


Fédéric[1].

3431. — DE MADAME LA MARGRAVE DE BAIREUTH.
Le 16 octobre.

Accablée par les maux de l’esprit et du corps, je ne puis vous écrire qu’une petite lettre. Vous en trouverez une ci-jointe[2] qui vous récompensera au centuple de ma brièveté. Notre situation est toujours la même : un tombeau fait notre point de vue. Quoique tout semble perdu, il nous reste des choses qu’on ne pourra nous enlever : c’est la fermeté et les sentiments du cœur. Soyez persuadé de notre reconnaissance, et de tous les sentiments que vous méritez par votre attachement et votre façon de penser, digne d’un vrai philosophe.


Wilhelmine.


3432. — À M.  BERTRAND[3],
pasteur à berne.
Aux Délices, 16 octobre.

Mon cher ami, votre paquet doit être à Lausanne, avec celui de M.  Polier de Bottens. Je lui écris pour qu’il vous le fasse tenir. Vos occupations sont tranquilles et agréables, tandis que le mal moral et le mal physique inondent la terre. On croyait le 7, à Strasbourg, qu’il y avait eu une bataille, et on craignait beaucoup, parce que le courrier ordinaire avait manqué. Travaillez, mon cher ami, sur les productions merveilleuses de la terre. Les philosophes examinent avec peine ce que les rois détruisent si aisément. Sondez la nature des métaux, qu’ils ravissent ou qu’ils emploient à la destruction. Leur cœur et ceux de leurs importants esclaves est plus dur que tous les minéraux dont vous parlerez. Mes tendres respects à M.  et à Mme  de Freudenreich, qui ont, ainsi que vous, un cœur si différent de celui des princes.

  1. Le 8 octobre, Frédéric écrivait à la margrave de Baireuth : « J’ai ri des exhortations du patriarche Voltaire ; je prends la liberté de vous envoyer ma réponse. »
  2. La lettre précédente.
  3. Éditeurs, de Cayrol et François.