Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome39.djvu/323

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’on se moque de nous ; attendons des hivers plus agréables. Bonsoir, mon divin ange.

Nota bene que ce que j’ai confié à M. l. de B. prouve que le roi de Prusse était perdu si on s’était bien conduit. Ce n’est pas là chercher à déplaire à Marie-Thérèse, et ce que j’ai mandé méritait un mot de réponse vague, un mot d’amitié.


3470. — À MADAME D’ÉPINAI.

Pour aujourd’hui, malgré mon respect pour les deux grands et beaux yeux de la véritable philosophe, je demande la permission de la robe de chambre.

J’attends aussi le véritable philosophe[1] avec impatience. J’envoie le fiacre à midi. V.


3471. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
3 décembre.

Je vous écrivis par le dernier ordinaire, mon cher et respectable ami, un petit barbouillage assez indéchiffrable, avec une lettre ostensible pour une personne[2] qui a été de vos amis, et que vous pouvez voir quelquefois. J’ai bien des choses à y ajouter ; mais l’état de la santé de Mme d’Argental doit passer devant. Je voudrais que vous fussiez tous ici comme Mme d’Épinai, Mme Montferrat, et tant d’autres. Notre docteur Tronchin fortifie les femmes ; il ne les saigne point, il ne les purge guère ; il ne fait point la médecine comme un autre. Voyez comme il a traité ma nièce de Fontaine ; il l’a tirée de la mort. Vous ne m’avez jamais parlé de Mme de Montferrat ; c’est pourtant un joli salmigondis de dévotion et de coquetterie. Je ne sais où prendre Mme de Fontaine à présent, pour avoir ces portraits. L’affaire commence à m’intéresser, depuis que vous voulez bien avoir la triste ressemblance de celui qui probablement n’aura jamais le bonheur de vous revoir. Mais moi, pourquoi n’aurai-je pas, dans mes Alpes, la consolation de vous regarder sur toile, et de dire : Voilà celui pour qui seul je regrette Paris ? C’est à moi à demander votre portrait, c’est moi qui ai besoin de consolation.

Je reviens à ma dernière lettre. Il est certain qu’on a pris ou

  1. Tronchin, à qui ce billet était adressé aussi.
  2. L’abbé de Bernis.